L'histoire :
Automne 1978, la chasse est ouverte en Californie. Un jeune garçon de onze ans, son père, son grand père et un ami de la famille prennent la route de la concession forestière familiale. Le chemin n’est pas de tout repos car la saison des pluies a laissé des traces avec de nombreux éboulements sur la route sinueuse. Arrivé au niveau de la barrière qui délimite le domaine, l’ami de la famille remarque un homme sur les terres familiale. Il n’y a pas de doute, c’est un braconnier. Les trois hommes pointent leurs fusils à lunette sur l'homme, pour l’intimider. Le père propose à son fils de onze ans de regarder avec son fusil. C’est un 300 Magnum profilé pour la chasse à l’ours. Le jeune garçon excité par la traque et le plaisir de tenir une arme aussi puissante dans ses mains, pointe le canon du fusil en direction de l’homme pour l’observer dans sa lunette. C’est plus fort que lui, un appel qui vient du plus profond de son corps. Il place son doigt sur la gâchette et tire. Le recul de l’arme le repousse en arrière et le fait tomber. Lorsqu’il se relève, les trois hommes adultes sont partagés entre peur et stupéfaction. Le jeune garçon vient de descendre un homme sans avoir l’once d’un remord.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Périlleux exercice que celui d’adapter un roman littéraire en bande dessinée. La scénariste Caroline Van Linthout dit Carol.O réussit à maintenir la puissance émotionnelle du roman de David Vann en transcrivant la situation de malaise autour de ce jeune garçon de onze ans. Excité par sa première chasse en tant que participant actif, le jeune homme connait sur le bout des ongles le rite initiatique qui l’attend. Tuer son premier cerf, le dépecer, manger le foie et le cœur cru, c’est ainsi qu’il deviendra un homme. Malheureusement, l’accident ou le meurtre de ce braconnier va plonger le récit de chasse initiatique en drame noir oppressant et dur. La relation entre les hommes de la famille va changer. Le grand-père se positionne en garant des traditions, le fils est partagé entre protection et dégout et l’ami de la famille se range du coté de la loi. Il est clair, pour ce dernier, qu’il ne va pas plonger pour le gosse de son ami. Malgré la noirceur du scénario, il existe une sorte de fascination qui tient en haleine. Peut-être aussi, l’envie de connaître le sort de l'enfant prédomine. De nombreux thème sous-jacents sont abordés, comme la place dans la famille, les rites initiatiques ou encore le besoin d’être accepté au sein de la tribu. Au niveau du dessin, Georges Van Linthout maintient une ambiance oppressante avec un trait semi réaliste. L’univers graphique est très intéressant avec l’utilisation d’une palette de gris agrémenté d’une couleur unique par case du plus bel effet. Ainsi, les auteurs livrent une adaptation aux petits oignons d’un récit noir, dur et oppressant sur la nature humaine. Et si l’Homme était un animal comme les autres ?