L'histoire :
En mai 1769, un homme ligoté est torturé dans une cabane de berger. Trois corses vengeurs dessinent un triangle inversé au couteau sur son torse et s’apprêtent à l’égorger… lorsque soudain, cinq individus masqués font irruption, armés d’épées. Vingt ans plus tard, dans une ruelle crasseuse de Paris, une jeune femme monte-en-l’air (voleuse) est alpaguée par deux brigands. Ils s’emparent du collier de perles qu’elle venait de dérober et s’apprêtent à la violer… lorsque soudain, un individu encapuchonné de noir apparait. Il lâche la bride du loup qu’il tenait en laisse sur l’un des brigands et décapite l’autre d’un coup d’épée. Il laisse la jeune femme en vie. Le lendemain, la police est sur le lieu de ce double homicide, ainsi que Gabriel Joly, un jeune journaliste aux cheveux roux. Ce dernier tente d’extorquer des infos aux soldats… mais il rentre bredouille à la rédaction du Journal de Paris. De toute façon, son rédacteur en chef lui refuse obstinément la couverture des crimes et mystères de la capitale, exigeant de lui qu’il s’en tienne à la rédaction de critiques théâtrales. Gabriel démissionne et retourne investiguer sur le double homicide. En ce mois de mai 1789, le climat social parisien est tendu. Le peuple reproche au couple souverain ses fastes et la paupérisation de la société…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce polar historique prend pour contexte les semaines charnières de la révolution française, mais il ne traite pas exactement de ce sujet. Pensez donc : un serial-killer encapuchonné et accompagné d’un loup signe ses crimes à la pointe de l’épée sur le front de ses victimes en dessinant un triangle inversé ! Le jeune journaliste Gabriel Joly, dont le sens de la déduction n’a rien à envier à celui de Sherlock Holmes, servira de héros détective pour démasquer l’assassin. Ce tome 1 adapté par le scénariste Philippe Thirault de la série de romans d’Henri Loevenbruck introduit parfaitement la saga. Le contexte historique est tout à fait crédible, notamment au travers du dessin expert et documenté de Damien (Jacob) qu’on n’avait plus eu l’occasion de croiser en BD depuis Soleil Froid. Ses rues obscures de Paris pendant la révolution ont le lugubre de l’ère victorienne de Jack l’éventreur. Les costumes, les véhicules, les bâtiments, les salons dorés, les arrière-cours, la compagnie d’authentiques personnages historiques (Olympe de Gouges, Camille Desmoulin, Mirabeau, Danton…) tout contribue à rendre l’intrigue idéalement immersive ; et son style semi-réaliste encré s’inscrit dans un découpage et des cadrages idoines. Cet opus présente précisément l’époque, la mentalité, les personnages. Il fait monter le suspens en gardant ce qu’il faut de zones d’ombres et nous abandonne au moment d’une révélation clé… mais il ne résout pas tout. Un second volet, Le mystère de la Main rouge, d’ores et déjà annoncé, est à paraître.