L'histoire :
Line, fille de Godriunov, l’ambassadeur d’Ukraine au Vietnam, quitte Paris où elle termine ses études, pour rejoindre sa famille à Hanoï. Elle est heureuse de retrouver sa mère, d’origine vietnamienne, mais elle est fraîchement saluée par son père, avec lequel elle ne s’entend pas. Ce dernier est d’autant plus distant avec sa fille que celle-ci revient au pays pour y faire un reportage sur l’ubérisation de la prostitution. Les travailleuses du sexe sont-elles plus libres une fois indépendantes ? Encore un reportage qui a vocation à salir son pays, pense Godriunov. Line est aussi heureuse de retrouver son ami Thang, homosexuel et fils du général Quach, directeur du Ministère de la Défense vietnamien. Avec la complicité de Godriunov, le général Quach est en train de superviser un programme militaire classé top-secret entre l’Ukraine et son pays. Mais le climat est tendu à Hanoï… une maladie infectieuse se répand par simple contact de peau à peau. Ça n’empêche pas Line et Thang de participer aux réceptions mondaines et de faire la fête, la nuit. Or dès le deuxième soir du retour de Line, Thang reçoit un mystérieux coup de poing en boîte de nuit et se met à vomir. Line appelle une ambulance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Publié par un éditeur peu connu (en BD) et réalisé par un duo d’auteurs tout aussi néophytes, Rouge sang se présente néanmoins sous la forme d’un thriller d’espionnage intéressant et différent des autres du genre. L’intégralité de l’intrigue est mise au point par Benoît de Tréglodé, directeur de recherche à l’IRSEM, et se déroule au Vietnam, à Hanoï. Tréglodé a vécu en Asie du Sud-Est et il est spécialiste de la géopolitique locale. A en croire le dossier spécial de fin d’album, il existe d’authentiques liens de coopération entre l’Ukraine et le Vietnam, dont cherchent à se mêler les russes et les chinois. Mais au départ du récit, on fait connaissance avec une héroïne qui cherche à faire un reportage sur la prostitution. Or la problématique centrale dépasse vite le cadre de ce sujet et semble mélanger à la fois les tensions diplomatiques russo-cino-ukrainiennes actuelles et l’idée d’une pandémie virale issue d’un programme miliaire gouvernemental. Tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas un certain covid qui se serait échappé d’un laboratoire de Wuhan ? En somme, des sujets actuels et un contexte propice à ce que l’espérance de vie de Line, apprentie journaliste piquée par le problème, soit soudainement artificiellement très réduite. Dans une ambiance urbaine et crépusculaire (il fait nuit tôt, à Hanoï, et en journée, la météo est souvent pluvieuse), le lecteur sent l’étau se refermer sur Line, à mesure que les infos sont délivrées. Roman Gigou, jadis assistant coloriste pour Blutch, Dupuy ou Bilal, dessine ici son premier album. Aussi peu expressif que spectaculaire, son trait semi-réaliste prend néanmoins place de manière cohérente au sein d’un découpage sage, plus adapté aux palabres qu’à l’action.