L'histoire :
Cédric expose ses tableaux. Lors du vernissage, tout le monde discute du climat de la planète. Il faut reconnaître que le mois de novembre est anormalement chaud. Le réchauffement climatique et la dégradation de la nature sont des sujets sensibles pour Cédric. À tel point qu'il a d'étranges visions. Le philosophe du XIXème siècle, Henry David Thoreau, vient souvent lui parler de ces sujets graves et essentiels de nos jours. Cette fois, il lui donne même un conseil pour son travail artistique. Son art doit refléter la réalité et apporter quelque chose de fort aux gens. Cela tombe bien : il a envie de changer de vie depuis quelques temps. Il veut écrire quelque chose, et pourquoi pas une bande dessinée ? En attendant, il profite de la soirée après le vernissage pour faire la fête. Il rejoint sa compagne et ils mangent « Freegan », un restaurant qui ne prépare les menus qu'en fonction des ingrédients et légumes récupérés et non utilisés par Rungis. Puis, ils vont en boîte pendant toute la nuit. Le lendemain, Cédric tente d'avancer sur son projet d'écriture mais il n'a pas l'inspiration. Il passe toute la journée à réfléchir, mais rien ne vient. Il décide alors de sortir prendre l'air. Il s'arrête à un bar et Thoreau vient lui parler. Les gens se plaignent de ne pas finir le mois. L'argent est un problème, c'est sûr, mais nous vivons aussi à crédit par rapport à la Terre. Nous épuisons ses ressources pour nous-mêmes. Et que deviendra-t-elle à la longue ? Mais en même temps, que pouvons-nous faire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici une nouvelle œuvre atypique estampillée Rue de l'échiquier. Pour son premier album, Cédric Taling trouve un ton étonnement juste. Sous une forme faussement autobiographique, l'auteur se pose des questions qui résonnent fortement en nous : quel sens donner à notre existence ? La Terre va-t-elle un jour disparaître? Comment contourner notre société de surconsommation ? Pour répondre à ces questions simples mais fortes, l'artiste propose un dialogue fictif avec un philosophe qui avait réfléchi sur l'évolution naturelle. Cette manière est habile, puisqu'elle permet de citer cet auteur de façon originale et vivante. Le vivant, c'est le maître mot de cet album, car Taling trouve toujours une façon originale de relancer le débat, de le rendre actif et jamais ennuyeux. Ce sujet grave et complexe est abordé de façon intelligente et humaine, non sans humour. Rien n'est oublié, puisqu'on parle même des écolos que l'on taxe de bobos. Pourtant, l'auteur rappelle à juste titre qu'il est temps de s'interroger en profondeur. Taling évite l'écueil de la culpabilisation grâce à un style rafraîchissant et un humour fin et parfois auto-critique. Cet aspect ludique est aussi dû à un dessin étonnant et créatif. Le trait peut paraître simpliste, mais il est beaucoup plus maîtrisé et puissant qu'on ne peut le croire. Il suffit de contempler les pages en couleurs qui magnifient la nature pour se rendre compte du talent de l'artiste. Le message final est plein d'espoir et nous rappelle les préceptes de Voltaire ou Jean-Jacques Rousseau. « Il faut cultiver notre jardin »... en commençant par lire ce bel album !