L'histoire :
Comté de Caldwell, au Texas, en 1899. Calpurnia Tate a onze ans. Dans la chaleur pesante de cet été, elle passe son temps en étudiant les animaux : sauterelles, lucioles, fourmis et opossums. Aidée de son grand-père, qu'elle surnomme affectueusement « Grand-Pa », naturaliste, elle cherche des réponses aux mille questions qu'elle se pose. Pourquoi, les chiens ont-ils des sourcils ? Comment se fait-il que les grandes sauterelles soient jaunes et les petites, vertes ? Calpurnia s'évade dans la nature, aime couper du coton (Viola, la servante, essaie de l'en dissuader, c'est un travail pour un nègre !). Sa mère Margareth, tout comme son père Alfred, la tannent pour qu'elle soit une jeune fille bien sous tous rapports, qui sache coudre et cuisiner, en faisant un plat par semaine. Tous ces apprentissages lui seront bien utiles quand elle devra faire ses débuts dans le monde. Mais tout ceci ne l'intéresse guère. Elle préfère prendre la poudre d'escampette avec Grand-Pa. Elle lui demande si les filles peuvent devenir naturalistes. Il lui rétorque qu'il y a des hommes scientifiques comme Newton et Copernic... mais il y a également des femmes. N'ont-ils pas parlé ensemble de l'élément de Marie Curie ? De la chouette de Mrs Maxwell ? Du ptérodactyle et du ichtyosaure de Mary Anning ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Calpurnia est une jeune fille qui rêve d'autre chose. Elle veut aller à l'Université plutôt que d'avoir un mari, des enfants et faire de la cuisine ou de la broderie toute sa vie. À l'aube du XXème siècle qui s'ouvre à elle, Calpurnia souhaite changer le cours de sa vie. L'adolescence qui pointe le bout de son nez est le moment rêvé pour s'envoler de ses propres ailes. Mais les conventions sont tenaces, surtout en cette fin de XIXème siècle. Bien adapté par l'autrice de Tamara de Lempicka, ce deuxième tome de Calpurnia à la tonalité contemplative montre tout le chemin parcouru par les femmes et aussi par la même occasion, celui qui reste à parcourir. Les femmes scientifiques ne sont pas monnaie courante et Calpurnia, sous la houlette de son grand-père se passionne par la nature, les insectes et les plantes. Le dessin doux et voluptueux de Daphné Collignon illustre parfaitement cette fin d'époque et le début d'une nouvelle ère. Le trait est délicat avec des visages de femmes envoûtantes et expressifs (inspiré sûrement de l'expressionnisme allemand) et les couleurs s'avèrent douces, reflétant les désirs enthousiastes d'une jeune fille durant un été lourd et pesant. Au final, c'est un vent de liberté qui souffle, ouvrant le champ des possibles.