L'histoire :
Le gigantesque vaisseau Infinity 8 traverse le cosmos en direction de la galaxie d'Andromède, emportant en son sein 880 000 passagers issus de 257 races extraterrestres différentes. Dans ce contexte interlope grouillant, l'agent humaine Yoko Keren cherche le meilleur géniteur possible, n'hésitant pas à scanner le potentiel génétique de tous les quidams qu'elle croise. Après avoir utilisé ses talents au close-combat pour rectifier trois molosses malotrus dans un bar, elle est convoquée en urgence par le capitaine du vaisseau : procédure 8 ! Elle s'exécute et se retrouve sous l'immense verrière de l'aquarium géant dans lequel nage le capitaine. Le lieutenant humain Reffo lui explique la situation sensible : l'Infinity 8 vient de faire un arrêt inattendu, bloqué par un amas d'artefacts hétéroclites dont le volume équivaut à un système solaire entier ! Ordre leur a été donné de la confédération intergalactique d'enquêter sur ce phénomène d'autant plus bizarre que tous ces débris sont en rapport avec la mort : des cimetières, des mausolées, des cercueils... Le capitaine explique aussi à Yoko le principe de la procédure 8, que seul le capitaine de race Tonn Shär est capable d'enclencher : cela permet d'explorer une trame temporelle durant 8 heures, et à cette échéance, de revenir en arrière ou de poursuivre la trame en cours. Cette procédure peut ainsi être utilisée 8 fois de suite...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec l'imposant projet éditorial Infinity 8, les éditions Rue de Sèvres font en bande dessinée ce que le PSG fait dans le football : ils ont recruté une palanquée d'auteurs de renom pour construire un vaste soap-opera de science-fiction en huit volumes. Ce premier tome a le mérite de poser les bases du principe narratif, ainsi que la problématique de l'intrigue et de développer en entier une première trame temporelle. Car puisqu'il s'agit de science-fiction, employons un principe courant offert par l'astrophysique et la métaphysique : les univers parallèles. Chaque tome de la série développera ainsi une aventure cosmique parallèle, afin de comprendre et débloquer une situation mystérieuse : un champ de météorites morbides bloque l'avancée du vaisseau Infinity 8. Scénarisé par Lewis Trondheim (grand coordinateur général du projet) et Zep, ce premier opus est dessiné par Dominique Bertail. À l'opposée de bien des séries de SF, le ton est tout sauf sérieux : les auteurs décapent le registre de la SF au karcher, à grand renfort d'humour, de légèreté, de rebondissements improbables et osés dignes des séries Z et agrémenté par un bestiaire et des situations cosmiques originales. C'est au mieux délassant et surprenant, mais tellement inattendu et iconoclaste dans le registre, qu'il faudra bien quelques autres volumes pour se laisser convaincre totalement...