L'histoire :
L'une des plus grandes libertés, c'est la liberté de penser. La pensée a fait évoluer le monde, les époques. Elle a transformé les sociétés. Et pour participer à ce grand chamboulement, on retient le plus souvent les pensées de philosophes masculins. Or les femmes, de toutes origines et de tout siècle, ont également apporté leur pierre à l'édifice. Ici, dix femmes sont (re)mises en lumière. Cléobuline, Hypathie d'Alexandrie, Sei Shônagon, Hildegarde de Bingen, Christine de Pizan, Gabrielle Suchon, Louise Michel, Nathalie Sarraute, Simone de Beauvoir et Etty Hillesum. Cléobuline est une poétesse et philosophe, qui a vécu au VIème siècle avant JC, et qui avait pour philosophie de se confronter aux énigmes, pour façonner son intelligence et exercer son raisonnement. Hypathie d'Alexandrie était une philosophe-astronome-mathématicienne-physicienne (rien que ça) qui a vécu entre 355 et 415. Pour elle, élargir ses connaissances en mélangeant son apprentissage des sciences, permettait à chacun(e) de devenir philosophe. Et tout le monde devait y aspirer pour atteindre le bonheur et la sagesse. Là ne sont développés que très brièvement deux aperçus de la vie de ces femmes, à découvrir plus en profondeur dans l'ouvrage, aux côtés d'autres figures féminines plus ou moins célèbres.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Rue de Sèvres se sont déjà beaucoup intéressées à la question de la philosophie et de sa vulgarisation en bande dessinée, notamment avec la série Philocomix qui a développé des thèmes comme le travail, le bonheur ou la vie en société. Jean-Philippe Thivet et Jérôme Vermer, qui ont déjà participé à ces publications, s'associent avec Anne Idoux, agrégée d'histoire, et Marie Dubois, dessinatrice, pour proposer ce recueil de biographies. Cette fois-ci, ils visent à mettre en avant des femmes de tout temps et de nationalités diverses, qui étaient curieuses, indépendantes d'esprit, et qui ont contribué à faire avancer la pensée philosophique. Pourtant, elles sont souvent oubliées ou méconnues. En dressant ces dix portraits, en revenant sur leurs vies, nous découvrons par association d'idées leurs pensées. Et nous en apprenons plus sur des noms qui nous sont familiers (Simone de Beauvoir, Louise Michel), mais aussi sur des femmes dont le nom reste souvent dans l'ombre comme Cléobuline ou Sei Shônagon. L'ouvrage est dense en informations, et se veut didactique. Il demande donc davantage de concentration que la lecture d'une fiction légère. Toutefois, le chapitrage et la synthèse des idées qui ponctuent la biographie de ces femmes, permettent une lecture accessible. Les illustrations apportent de la légèreté au propos, et la mise en page, qui n'est pas trop chargée, permet une fluidité de découverte. Cet ouvrage contribue à corriger un manque : celui de la place des femmes en philosophie.