L'histoire :
Dans la ville de Fourmies, dans le département du Nord, ce 1er Mai 1891 est un moment très attendu. Dans de nombreux pays industrialisés, le mécontentement monte face aux rythmes de travail infernaux. Ici c'est l'industrie textile qui fournit du travail à des milliers d'ouvriers et d'ouvrières. Mais cette fois, ils ont décidé de réclamer tous ensemble la journée de huit heures. Et au tract du parti ouvrier, a répondu une lettre ouverte de tous les grands industriels de la région. Huit heures de travail, ce serait la ruine de l'industrie du pays, les ouvriers honnêtes ne doivent pas écouter des théories révolutionnaires ! Lorsque le jour se lève sur le paysage de bâtiments de briques et de cheminées, ils sont déjà nombreux dans les rues de la ville, tracts sous le bras, pour tenter de rallier leurs collègues à leur cause. Au gré des prises de parole sur des caisses en bois, Maria s'est habillée et apprêtée tôt, ce matin, pour faire partie des meneurs. La foule est de plus en plus dense, elle échange avec ceux qui sont entrés dans les ateliers. Les gendarmes sont là et se regroupent vers le quartier de La Sans Pareille qui concentre l'agitation. Quatre ouvriers sont arrêtés. Les manifestants sont persuadés qu'ils vont naturellement obtenir qu'ils soient relâchés. Mais des renforts de soldats arrivent en ville...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alex W Inker poursuit son chemin d'auteur complet et « différent » avec un nouveau saut dans l'Histoire, cette fois pour raconter une journée marquante du mouvement ouvrier du XIXème siècle, lorsque les manifestations étaient parfois réprimées dans le sang. Tout se déroule sur une seule journée, et commence avec le rituel matinal d'une jeune ouvrière déterminée, qui affirme à sa mère qu'elle ne retournera pas à l'usine si les huit heures ne sont pas obtenues. Puis elle sort de la maison de briques sur la rue pavée. Une très belle entrée en matière pour nous rendre les lieux et les personnages immédiatement familiers. Ces premières pages sont très fortes, sombres et expressives, puis pleines d'espoir lorsque le soleil se lève. Maria et ses collègues émaillent leurs conversations de mots en patois local, qui contrastent avec les prises de parole de l'homme politique qui accompagne le mouvement. Par petites touches, Inker nous fait sentir la réalité sans manichéisme. On ressent la difficulté de la situation y compris du côté des militaires envoyés face à des gens qu'ils connaissent et qui souvent les admirent. Son style est assez unique, intense malgré des personnages aux contours parfois rapides, très puissant lorsque le décor entre en jeu. Un beau livre historique et social qui plaira au-delà du public des amateurs de BD.