L'histoire :
En Angleterre, au début du XXème siècle. Le jeune Howard est un petit garçon maladif et rêveur, héritier d’une famille aristocratique. Son père, très autoritaire et intransigeant, s’intéresse davantage à sa ménagerie de singes qu’à sa famille. Sa mère vit dans une angoisse permanente, car elle a déjà perdu une petite fille. Elle s’inquiète donc de la santé défaillante d’Howard. Le petit garçon s’évade en inventant des histoires imaginaires. Un jour, à la suite d’une bêtise d’Howard, sa mère engage une nouvelle gouvernante, Miss Nuttingham. Très vie, celle-ci se révèle bien différente des précédentes gouvernantes. Par exemple, elle semble bien connaître le fameux cavalier noir qui effraie tellement Howard... Et elle n’hésite pas à donner au petit garçon quantité d’informations ou d’explications étonnantes et... inquiétantes. Cela concerne par exemple les riches et les pauvres, le dragon dessiné sur l’enseigne d’un hôpital, ou la présence du brouillard… Cette énigmatique « Nutty », qui mêle si habilement rêve et réalité, ne serait-elle pas finalement bien plus dangereuse qu’elle n'y paraît ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 1er opus de Mr Howard met en scène un petit garçon et son étrange gouvernante au passé trouble. La relation qui se noue entre Howard, enfant rêveur et affectivement délaissé, et cette femme inquiétante qui nourrit l’imaginaire de l’enfant d’idées effrayantes, constitue le noyau du récit. L’intérêt de l’histoire dépasse donc la peinture sociale de l’Angleterre du début du XXème siècle et réside surtout dans l’ambiguïté du personnage de Nutty, gouvernante perverse et malfaisante, démoniaque peut-être, véritable alter-ego inversé de Mary Poppins. En effet, on la voit prendre un ascendant grandissant sur le petit garçon, gagner sa confiance et lui suggérer des idées angoissantes… Dans quel but ? Arrivera-t-elle à ses fins ? Au gré des différentes péripéties, la frontière entre la réalité et la fantasmagorie se brouille… Le traitement du dessin, noir et blanc, honnête mais sans virtuosité particulière, ne permet pas de distinguer rêve et réalité. On passe sans transition de la réalité au cauchemar, les séquences de rêve étant juste dépourvues de paroles, ce qui accentue le brouillage entre les deux mondes et évoque la confusion mentale grandissante d’Howard. Au total, un album aussi énigmatique que son héroïne. On en appréciera l’originalité.