L'histoire :
Lors des derniers réglages qui précèdent le premier voyage commercial du Titanic, un paquebot gigantesque et réputé insubmersible, Smith, son commandant se fait du mauvais sang. Oh, ce n’est pas à cause de ce cadavre retrouvé à fond de cale et bizarrement recouvert de goudron, peut-être un coup des irlandais. Non, mais plutôt à cause d’un roman qu’il vient de recevoir et publié il y a 14 ans… Le livre relate en effet le naufrage meurtrier, sur la route des icebergs, d’un navire semblable au sien en tout point, nommé dans l’ouvrage « le Titan »… Quelques semaines plus tôt W.T Stead, un journaliste londonien, s’inquiétait auprès de l’auteur de l’ouvrage, Morgan Robertson, de savoir comment l’idée du récit lui était venue : il aimerait, comme une séance de spiritisme le lui a suggéré, avoir confirmation de l’implication du Corpus Hermeticum (un grimoire que l’on dit avoir été rédigé par le Dieu Hermés en personne) et d’Amen Ra (une sorcière ayant vécu dans l’Égypte antique) dans sa rédaction. Effectivement, Robertson reconnait s’être réveillée, il y a 14 ans, avec le souvenir d’un cauchemar qui devint la base de son récit. Un rêve bientôt complété par quelques feuillets tirés du fameux grimoire mystérieusement déposés sur son secrétaire et d’un avertissement dactylographié le mettant en garde contre Amen Ra : tout laisse ainsi penser que l’écrivain n’est autre que le messager d’une terrible prédiction et que tous deux ont un rôle à jouer….
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le légendaire paquebot Titanic sombre dans l’Atlantique Nord dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, en faisant près de 1500 victimes. Contrairement à ce que suggère l’écoute excessive de la BO du film de James Cameron, Céline Dion n’est en rien responsable de cette horrible tragédie… C’est plutôt Monsieur Iceberg qui fit son gros vilain, en découpant goulument le flanc du bateau. Sur les bases historiques de ce célébrissime fait divers, Richard D Nolane construit intelligemment un 6e Corpus Hermeticum. En effet, quoi de plus habile que de rassasier notre imaginaire en fournissant à ce sinistre accident, une explication moins ordinaire que la négligence humaine et un gros glaçon. De surcroit, l’existence d’une fiction écrite par Morgan Robertson en 1898 et présentant une tonne de similitudes avec l’événement (mois du naufrage identique, nom et caractéristiques du bateau, trajet emprunté, circonstances du drame…) est du pain béni pour le scénario. Il ne reste plus alors à l’auteur, qu’à ajouter une cuillérée de malédiction égyptienne, une pincée de spiritisme et un soupçon de terrorisme irlandais, pour que la recette soit un succès. Ça fonctionne impeccablement : on oublie presqu’on connait la fin, rapidement harponné par l’intrigue, rivé par les propositions alternatives à la réalité… Le choix graphique, directement inspiré de la ligne claire, convient parfaitement à ce récit d’époque. Patrick A Dumas entretient même la confusion entre fiction et réalité, en reproduisant à l’identique les visages de W T. Stead et du commandant E J. Smith qui ont réellement participé à l’inauguration malheureuse du paquebot. Un ouvrage en tout cas qui se hisse parmi les tous meilleurs de la série…