L'histoire :
Dans un avenir lointain, en raison de pluies torrentielles continues, la Terre a fini par être entièrement submergée par les eaux. C’est dans ce contexte que Jason, un nomade des mers solitaire, manque de peu de recevoir un gigantesque astronef en feu sur le coin de la tronche. L’engin s’abîme plus loin en mer et s’échoue sur les fonds marins. A l’intérieur, une intelligence artificielle réanime le seul être restant vivant à bord : le clone d’une jeune femme baptisé Normaé. Elle subit aussitôt une série d’opérations chirurgicales afin de recevoir les implants nécessaires à sa mission : récupérer des « éléments » sur une base proche, afin de réparer son vaisseau. Ce crash n’est toutefois pas passé inaperçu aux radars des autorités terriennes, qui envoient la mystérieuse Division Spectre sur place. Pendant ce temps, Jason mouille déjà au dessus de la zone du crash. Il descend à bord d’un mini module submersible pour inspecte l’épave. Il espère pouvoir récupérer des merveilles technologiques afin de réparer son engin de croisière personnel, le Charley Patton. A peine a-t-il passé la tête par une écoutille à bord, qu’il est accueilli par Normaé. Elle voit en lui son « taxi » et avec un gros flingue et quelques mandales, elle se montre très persuasive…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peu importe pourquoi et peu importe comment : cette série d’Anticipation (dans la collection éponyme) impose d’emblée un décorum post-apocalyptique aquatique. En effet, quelques siècles dans notre futur, la Terre n’est plus qu’un vaste océan peuplé de monstres marins. Une frange de l’humanité semble avoir migré dans l’espace ; une autre frange a bâti des cités sous-marines high-tech ; et on nous promet que la rencontre des deux va faire des étincelles. Dans ce contexte, une jeune femme clonée et cybernétique a un temps très bref pour exécuter une mission qui demeure mystérieuse. Sa rencontre houleuse avec un « nomade » permet au scénariste Nicolas Pona de s’en donner à cœur joie dans le cynisme des dialogues. S’en envoyer des vertes et des pas mures est assurément l’un des axes de développement de ce premier tome, en parallèle des jolis décors mis en place par l’espagnol Hervàs. Cités aquatiques, monstres marins, vaisseaux hig-tech, bases industrielles sordides… et grosses bastons à gogo : l’ibère semble vraiment à l’aise dans tous les compartiments du registre et ses jolis encrages nous en mettent plein les mirettes. La narration n’est certes pas des plus limpides, mais c’est assurément aussi un parti-pris de Pona de ménager sa surprise pour la suite. Le scénario demeurant sibyllin sur ses intentions, on attendra d’en savoir plus avec le second opus du diptyque…