L'histoire :
Steevie, petit délinquant récidiviste, se faufile dans le hall d’un immeuble luxueux, dans le but de cambrioler l’un ou l’autre appartement : c’est l’anniversaire de sa maman et il lui faut un cadeau. Après deux essais infructueux, il trouve une porte ouverte à l’étage et pénètre à l’intérieur. Il commence son inspection et perçoit soudain des gémissements en provenance d’une chambre… Il croit tout d’abord aux ébats fripons des propriétaires, lorsqu’il assiste à l’éventration d’un homme, par un tueur masqué. Repéré par ce dernier, Steevie s’enfuit en courant ! Or au moment où il franchit le seuil, la poignée de la porte d’entrée attrape et déchire la poche de sa veste et son portefeuille tombe sur le palier. Ailleurs, au cours de la même nuit, le lieutenant Juliette Desanges, jeune flic désabusée, est appelée sur les lieux du crime. Chemin faisant, elle écoute dans sa voiture une émission de radio, de confessions nocturnes… dans laquelle le tueur se confie sardoniquement de son meurtre ! Sur place, elle découvre la victime éviscérée et fait connaissance avec John Dunby, assistant du procureur, avec qui elle va se lancer dans l’enquête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Enfilez vos gants chirurgicaux, adoptez le froncement de sourcil « Nicholson », installez-vous à proximité de votre plus grand couteau de cuisine… vous êtes maintenant parés pour entamer Dolls Killer. D’emblée, ce thriller oppressant accroche le lecteur par une ambiance glauque et un premier crime qui met dans le bain (de sang) : à poil, un masque sur le visage, un déséquilibré éventre sa victime, puis laisse une poupée à côté, avant de vanter ses exploits sur la fréquence d’une radio locale. Pour mettre fin à ce rituel barbare récurrent et remonter la piste du tueur, le scénariste Nicolas Pona met en scène une fliquette – qui trimbale un passé tourmenté à souhait – et un procureur un peu tendre. Certes, il n’y a rien ne nouveau dans le registre, qui a déjà largement emprunté chacun de ces éléments dans de nombreuses œuvres BD ou ciné du genre. Encore une fois, c’est la manière de raconter l’histoire qui en fait le sel. A l’efficacité d’un scénario qui ravira les amateurs d’horreur, le dessinateur Sergio Bleda n’a pas son pareil pour livrer des « gueules cassées », déformées de haines ou d’effroi… Sur un style semi-réaliste à la fois spontané et limpide, qui n’appartient qu’à lui, il déboîte les corps, fait « glisser les os », juste ce qu’il faut pour que ce soit inquiétant… et ça l’est clairement ! Un sens des mouvements, du découpage et des cadrages idoines font volontiers oublier une ou deux commodités narratives (la piste du tueur se dévoile de manière bien rapide), et ce (premier ?) tome se lit intensément, d’une traite.