L'histoire :
Ce jour là, il a beaucoup neigé lorsque le sergent William de la police de New York accueille l’inspecteur de police Juliette Desange dans une sombre impasse. Un corps ensanglanté y a été pendu par les épaules, à une échelle de secours, décapité. C’est déjà la deuxième victime à subir ce châtiment rituel. Et à chaque fois, impossible de retrouver la tête. Le légiste est formel : l’une des lames utilisées est un kriss (un couteau traditionnel asiatique, avec une lame qui serpente). Très curieusement, une poupée est retrouvée à côté des victimes, comme s’il s‘agissait du même tueur flingué par Juliette quelques semaines auparavant (lire le tome 1). En raison de cette exécution sommaire en lieu et place d’une arrestation, devant les yeux du jeune procureur Dunby, Desange subit d’ailleurs à ce moment une procédure de l’inspection des services. Mais cela ne la gène guère pour travailler. En raison de la nature de l’arme et du quartier où les crimes ont été commis, son enquête sur le sérial killer « décapiteur » s’oriente sur la communauté philippine. Dans un squat, une quarantaine de membres d’un gang sont d’ailleurs retrouvés massacrés et décapités, gisant là a priori depuis plusieurs semaines. Il se produit alors un évènement incroyable : parmi l’équipe dépêchée sur place, l’un des médecins légistes dévolu au quadrillage balistique rejoint dans la plus grande discrétion la liste des victimes… décapité lui aussi !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Malgré la poupée qui sert bizarrement de signature au tueur (essentiellement pour justifier le titre), cette nouvelle intrigue est globalement indépendante de la première : nouveau serial killer, nouveau modus operandi, nouvelles cibles, parmi l’équipe des enquêteurs eux-mêmes ! On retrouve néanmoins le ton sordide du thriller macabre, inhérent au genre, mené par une version féminine et contemporaine de l’inspecteur (Dirty) Harry : Juliette Desange préfère flinguer les tueurs, plutôt que de les soumettre à la justice. En marge de l’enquête et de ses aspects ragoûtants (miam : le tueur plante les têtes sur des piques dans les égouts), le scénariste Nicolas Pona creuse plus en amont la psychologie de sa héroïne. Le contrôle hiérarchique qu’elle subit révèle en effet que cette déformation peu professionnelle de buter les psychopathes, trouve son origine dans un « drame » de sa jeunesse. En perçant ainsi sa carapace, on s’intéresse à ce personnage ambigu et on aimerait en savoir plus… Hélas, il semble que cette seconde enquête signe la fin de la série. En attendant, on se réjouit de constater que la narration du scénariste prend de la bouteille et que le dessinateur Sergio Bleda ne perd rien de son style semi-réaliste, spontané et ultra-dynamique. De quoi contenter pleinement les amateurs de frisson et d’hémoglobine…