L'histoire :
Angleterre, 19e siècle… La mélodie du drame semble s’être invitée ce jour-là chez les Tiffany. Cette célèbre maison de couture a fait sa renommée en créant des somptueuses robes pour les ladies du royaume. En effet, la jeune Bianca est inconsolable en s’apercevant que le déjeuner est constitué de deux colombes rôties cuisinées à l’initiative de son frère ainé Abel. C’est le moment que choisit Elinor Jones, qui vient d’être engagée comme couturière dans la fameuse entreprise familiale, pour faire son entrée. Cette arrivée a tôt fait de faire ravaler ses larmes à la jeune Bianca, qui ne tarde pas à prendre en charge cette nouvelle « petite main ». Il faut dire que Bianca Tiffany, malgré son jeune âge, est une surdouée qui dessine et crée les modèles qui font la gloire de la maison de couture. C’est donc tout naturellement, en l’absence de sa mère partie courir le monde à la recherche de nouvelles étoffes, qu’elle fait faire ses premiers pas à Elinor dans l’atelier. La jeune couturière ne tarde pas à rencontrer ses nouvelles collègues et à prendre part à la préparation d’un cadeau anniversaire surprise pour la petite créatrice de génie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette nouvelle série, la collection Blackberry de chez Soleil confirme son excellente intention de satisfaire le lectorat féminin, souvent un peu laissé à la traîne par le 9e art. Cerise sur le gâteau : ça fonctionne aussi quand on a du poil au menton (mais non ! on ne pense pas à notre gentille mémé…), grâce aux cristaux salés, parsemés ici où là, par Algésiras dans son scénario, pour relever le bonbon. La part sucrée de cette mise en bouche est celle qui, soutenue par un graphisme clignant du coté du manga shojo de manière élégante et totalement assumée (l’un des personnages aurait peut-être des liens de parenté avec l’espiègle Candy, héroïne d’un jap-anime des années 80), se charge de planter le décor : univers de la mode (peu traité en BD), fastes aristocratiques victoriens, beaux costumes, dialogues feutrés, yeux de biches et romantisme sous-tendu… En gros : le coté conte de fée/princesse qui imbibe depuis la nuit des temps l’imaginaire de générations de fillettes. Si le goût de miel l’emporte au final, le scénario s’enrichit cependant de quelques éléments particulièrement habiles à attiser à la fois notre intérêt, et à rendre la série moins mièvre qu’elle ne pourrait le laisser imaginer. Car derrière ce décorum pailleté, Algesiras se joue habilement des apparences, pour nous surprendre à travers des personnages plus mystérieux et moins lisses qu’ils n’y paraissent. Ainsi, les rapports fille/mère/fils ou les failles dans l’apparente quiétude d’Elinor, risquent de nous faire danser pour au moins quelques bals encore.