L'histoire :
XIIIème siècle. Après avoir donné une bonne leçon à une triplette de brigands, la petite troupe familiale « le Misterium » arrive en vue de Brontom, à l’invitation du seigneur Geoffroi. Il fait nuit, il pleut et les rues sont désertes… Ils sont froidement accueillis par le chef de la garde, un balafré qui les abrite dans des écuries pour la nuit, leur recommandant de se barricader. Le lendemain, un seul bougre assiste à leur représentation publique de théâtre, et encore, c’est un simplet. L’explication de cette atmosphère lugubre leur est donnée par le seigneur Geoffroy lui-même, tout en leur faisant un accueil plus digne au château. Plusieurs meurtres horribles ont eu lieu dans la ville et les rares témoins disent qu’ils ont été perpétrés par un démon à tête de bouc ! Des lacérations au visage, des mains broyées… Les habitants se terrent logiquement chez eux. Senelia, la gracieuse jeune femme du Misterium, demande à interroger un témoin. Le premier est un innocent petit garçon, Guilhem, qui a assisté au meurtre de son père, épouvanté et tapis derrière un meuble. Puis Senelia demande à voir le corps, effectivement dans un triste état. Ce qui confirme l’horreur et le caractère énigmatique de l’affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le bas moyen-âge, le « Misterium » du titre, ainsi que le passif du scénariste (Les arcanes du midi-minuit) laissent un temps penser que cette nouvelle série empoigne la (galvaudée) verve médiévale-fantastique. Que nenni. Jean-Charles Gaudin nous présente ici une équipe d’enquêteurs tout ce qu’il y a de plus cartésiens, ainsi qu’une première énigme policière absolument traditionnelle, malgré son apparence satanique. Nos héros ont donc une double casquette de baladins-théâtreux ET de détectives-perspicaces. De ville en ville, ils se frottent à des cas à résoudre, dont celle de ce meurtrier en série que les habitants prennent pour un démon sanguinaire, Baphomet. Un visage et des pieds de bouc, des cadavres lacérées de coups de griffe au visage et achevés à coups de masse… mais pourquoi est-il si méchant ? En plus d’être très mignonne – donc attachante – sous les crayons semi-réalistes et expressifs de Brice Cossu, la jeune Senelia mène les investigations comme une vraie experte de brigade criminelle, ne négligeant aucun détail et convoquant son expérience pointue. Certes, ce moyen-âge semble bien trop propret pour être crédible… La série s’adresse donc à un public jeune… qui peinera peut-être à pleinement saisir l’explication finale capilotractée. M’enfin les personnages sont en place et leur spécialité peut se révéler prometteuse sur le long terme. A voir…