L'histoire :
Mis en devoir d’évangéliser la Bretagne, le retors moine Patricius s’allie aux pictes avec une stratégie ambitieuse. Parce qu’ils incarnent les anciennes croyances païennes, il souhaite éradiquer la lignée du défunt roi Uther : sa veuve dame Ygern, son père le druide Merlin, et sa fille Morganne. Par un froid glacial, les armées du chef picte Bran – sous les traits duquel se cache le dieu cerf Cerunnos – assiègent donc la forteresse du seigneur Erin, où sont réfugiés Merlin, Ygern (alors enceinte du futur roi Arthur) et Morgane. Merlin comprend trop tard que les pictes ne sont que des mercenaires et il ne discerne pas la faille de la forteresse. Ainsi, de nuit, Bran parvient à s’infiltrer dans le château et à tuer Ygern, avant de s’enfuir en enlevant Morgane. Merlin a juste le temps de charcuter le ventre de sa fille pour libérer le bébé Arthur, vivant. Mais pour ce faire, il est contraint d’abandonner Morgane aux pictes et culpabilisera de longs mois pour cela. Or si Bran n’a pas exécuté Morgane, c’est parce qu’il compte la ramener sur ses terres et en faire sa future reine. Il l’éduque d’ailleurs dans cette optique, sachant que l’enfant ne peut s’échapper de contrées aussi glaciales. Pendant ce temps, autour de la pierre où est fichée l’épée Excalibur, la prophétie de Merlin fait des envieux : quiconque la libèrera sera le roi de tous les Bretons. A force, une ville s’est édifiée autour de cette pierre, et nombreux sont les seigneurs à tenter de prendre l’épée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme le prouve le succès d’un feuilleton comme Game of thrown, l’heroïc-fantasy d’obédience celtique fait encore beaucoup d’adeptes, pourvu qu’elle soit de bonne tenue. C’est encore le cas avec ce second volet d’Excalibur Chronicles, par le biais duquel Jean-Luc Istin continue de creuser la veine arthurienne avec un savoir-faire qu’il n’est plus besoin de prouver. En creux, se dessine la transition religieuse entre les croyances païennes et l’évangélisation médiévale : c’est un moine habité par la figure du Christ qui tire les ficèles et s’oppose aux forces antiques de la mythologie (Cerunnos le dieu cerf, la déesse Viviane…). Trois générations de la dynastie de Merlin se retrouvent donc tourmentées par cette lutte d’influence spirituelle : le druide Merlin, sa fille Ygern, son petit-fils futur roi Arthur (ici bébé) et sa sœur Morgane. Les célèbres figures de la mythologie bretonne sont donc réunies autour de sites emblématiques comme Avalon ou Camelot, et dévoilent un pan méconnu – et agréablement adapté – de la légende. Car le dessinateur Alain Brion joue lui aussi incroyablement bien de sa palette graphique. Son dessin infographique est minutieux et cohérent de bout en bout, dévoilant parfois de puissantes scènes dans des décors fastueux (les paysages hivernaux, les mouvements de troupes, l’embarquement pour Avalon, la forteresse picte, les géants crucifiant Merlin…). Ce grand spectacle épique et celtique contentera pleinement les amateurs du registre.