L'histoire :
Jadis, en des temps celtiques immémoriaux, l’Armorique est à feu et à sang. Attaqué par les centuries du romain Claudas, le roi Ban de Banoïc fuit son castel, emportant son fils Lancelot dans les bras, alors qu’il n’est qu’un poupon. Il est poursuivi, rattrapé et assassiné, mais il a eu le temps de confier son fils à la dame du lac, Viviane, qui recueille Lancelot à Avalon. Trois ans plus tard, c’est une autre tragédie que vit Merlin. Sa petite-fille Morgane a été enlevée par les troupes de Bran MacThorn, chef celte derrière lequel se dissimule le démon Cernunnos. Or le puissant sage avait promis à Morgane de toujours la protéger. Il s’est lancé à sa recherche depuis de longs mois, mais il est désormais prisonnier de Gangorn, le chef des géants de Fidach, allié de Cernunnos. Malgré le contexte de captivité, Gangorn apprécie Merlin, chez qui il a décelé une réelle volonté de donner un roi juste à la Bretagne. Néanmoins, Merlin est drogué, ce qui lui permet d’apaiser son esprit et de voir Morgane en rêve. Pendant ce temps, Viviane visite le seigneur Urien afin de lui faire une double proposition : devenir le tuteur du futur roi Arthur et épouser Dame Aelween. Urien accepte l’éducation d’Arthur comme un honneur et une lourde responsabilité. Sa décision est en revanche plus difficile concernant Aelween car, s’il convient de sa beauté, de sa droiture et du pragmatisme de la chose, il reste amoureux secret d’Elinn, l’épouse du rustre et violent roi Luchar…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Excalibur chroniques, le scénariste Jean-Luc Istin (et directeur de collection Soleil Celtic) fait une adaptation épique des événements qui se sont déroulés avant l’avènement du roi Arthur, selon la mythologie celtique. Les deux premiers volets ont planté un contexte de légende d’une grande richesse, des problématiques hégémoniques entrecroisées (les romains, les catholiques, les anciennes croyances, la magie…), ainsi que de très nombreux protagonistes. D’ailleurs, une page de garde en début d’album propose un trombinoscope bienvenu de 16 acteurs de cette « tragédie antique » en 47 actes… et encore, il n’y a pas tout le monde ! Ce tome 3 a pour objectif de faire avancer les divers fronts, tout en servant de transition avant le célèbre acte à venir : l’extirpation minérale de l’épée Excalibur, qui confère la légitimité sur le trône de Bretagne. Sur ce point, attendez-vous d’ailleurs à quelque surprise… Istin alterne les séquences : Merlin captif de Gangorn ronge son frein ; Lancelot est en paisible formation à Avalon ; Morgane cultive sa rancœur et perçoit la vraie nature de Bran ; le jeune Natre révèle son tempérament de psychopathe ; l’évêque Patricius trouve une solution pour poursuivre son évangélisation malgré sa perte de foi ; Urien et Aelwen acceptent un mariage de raison… Et on ne rentre pas dans les détails tant la mythologie plaisamment mise en scène en fourmille. Cependant, comme toute transition morcelée l’exige, la narration y perd cette fois en puissance. Il n’y a pas de climax notable, juste quelques faits d’armes secondaires et beaucoup de palabres. Le dessinateur Alain Brion cultive néanmoins toujours mieux son usage de la palette graphique, en toutes circonstances. Le réalisme est parfois saisissant, notamment sur certains décors qui donnent le sentiment de filtres Photoshop® sur des clichés retouchés.