L'histoire :
En 2029, au moment du contact massif d’autres espèces extraterrestres, l’humanité a été « absorbée » de facto au sein d’une Fédération spatiale. Des aliens cohabitent désormais sur Terre avec les humains, dont une – les hittites – dispose d’une intelligence supérieure et d’une connaissance technologique qu’elle refuse de partager, estimant que les terriens leur sont par trop inférieurs. En 2053, Alex Green est flic à New York. Ce jour-là, il se retrouve dans une base sous-marine d’Underwater, un immense laboratoire situé à 3000 mètres sous la surface de l’océan. Et il doit enquêter sur ce qui ressemble à un attentat : une bombe a fait exploser un dôme et une dizaine de cadavres de scientifiques se retrouve désormais à flotter dans l’eau glacée, derrière un champ de force gravitationnel qui les as isolés du reste respirable de la base. Les journalistes sont également présents en nombre, qui suspectent déjà une action du groupe pro-séparatiste humain « La terre est à nous ». Aux côtés d’Alex, un autre flic du FBI se présente comme expert scientifique, Thomas Silanski. Mais ce dernier semble particulièrement indépendant et poursuit un but secret. Silanski est en effet un hittite et il a une toute autre mission que celle de respecter les protocoles de police pour déterminer ce qui est évident : les indépendantistes sont à l’origine de l’attentat. Cependant, à 3000 mètres de profondeur, bien d’autres forces en présence jouent aussi leur partition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au sein de la série polar de science-fiction Fédération, New York underwater est le second volet d’une série de romans de G.Elton Ranne, adaptés par Ange… qui sont dans les deux cas un seul et même duo évoluant sous pseudonymes anagrammés : Anne et Gérard Guéro. On retrouve rapidement notre flic new-yorkais, Alex Green, qui enquête cette fois par 3000 mètres de profondeur, dans une base scientifique victime d’attentats à la bombe. La problématique nous oriente initialement sur une piste géopolitique : ces exactions seraient l’acte d’indépendantistes terriens qui refusent s’être soumis à une Fédération extraterrestre. Mais comme pour le premier opus, la question centrale de la place de l’humanité dans l’équilibre intellectuel de toutes les espèces vivantes dans le cosmos finit par prendre le dessus. En quelque sorte, Ange fait une allégorie de la colonisation et de l’exploitation humano-humaine, en élevant la question à une échelle supérieure. Et si nous, les humains, devenions les esclaves intellectuels d’une race qui nous méprise de leur complexe de supériorité ? Ange parvient plutôt pas mal à donner la mesure d’un savoir qui nous serait supérieur et inaccessible… sans évidemment nous en révéler la teneur – et oui, Ange n’est qu’un binôme humain aux capacités intellectuelles limitées. Néanmoins, l’enquête est savamment tortueuse, riche en action et s‘appuie sur pas mal de palabres qui brouillent les pistes. Notamment une narration double partage en alternance les pensées off de Green et celles de Silanski. Beaucoup plus limpide est le dessin minutieux d’Alain Janolle, qui comble de joie l’amateur de SF. Son trait semi-réaliste n’est pas avare en vues démentielles sur des installations futuristes, des monstres tentaculaires terrifiants, avec cette fois l’option faune aquatique. Bonne nouvelle : la dernière planche nous donne rendez-vous pour un troisième tome, qui sera cette fois-ci écrit d’emblée pour le format bande dessinée.