parution 23 janvier 2013  éditeur Soleil  Public ado / adulte  Mots clés Conte - Féerie

Inlandsis T2

Le Legs des vrais Hommes

Selon une légende inuit, deux enfants semi-divins ont jadis résisté aux attaques d'un dieu, aujourd'hui aigri et déficient. L'inlandsis polaire bénéficierait-il d'une protection divine ? Suite d'une allégorie écologique non conventionnelle...


 Inlandsis T2 : Le Legs des vrais Hommes (0), bd chez Soleil de Betbeder, Frichet
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Soleil édition 2013

L'histoire :

En 1909, l'explorateur Peary croit avoir atteint le pôle nord, le but d'une expédition mainte fois tentée auparavant. Il l'ignore, mais dans un autre pan de la création, un vieux dieu aigri s'est employé à le faire échouer en brouillant sa boussole. La photo qui est prise avec le drapeau, ne montre donc pas le pôle exact. Ce dieu refuse que son territoire glacé puisse être foulé par les « deux-bras-deux-jambes ». Il refuse aussi que l'histoire de son passé soit transmise. Car au même moment, à quelques distances, une vieille inuit au crépuscule de sa vie raconte oralement la légende des dieux déchus à un ethnologue qui enregistre tout sur une machine moderne. Le dieu fait donc s'abattre une pluie de stalactites, qui transperce le corps du traducteur. Qu'importe pour la vieille : elle poursuit son récit en utilisant un langage universel, compris aussi des animaux. Jadis, le fils de la déesse aquatique Sedna avait été recueilli et élevé par un vieil ours appelé Nanuq. A la mort de celui-ci, le gamin avait été banni du clan des plantigrades. Dans un dernier souffle, Nanuq avait alors demandé à l'un de ses fidèles pairs, de le dépecer de sa peau et de l'utiliser pour dissimuler l'odeur de l'enfant des attaques du dieu. Ainsi fut fait, juste à temps, car le dieu avait lancé à ses trousses un « tupilak », une créature monstrueuse composite, faite de carcasses et de dépouilles d'animaux. Mais le tupilak avait un second objectif : Hnoss, la sœur de ce garçon, recueillie par un vieux viking solitaire...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Avec Inlandsis, Stéphane Betbeder et Paul Frichet proposent un conte plutôt écologique, annoncé en 3 tomes, étayé autour de mythes nordiques ancestraux. Dans ce tome 2, la narration se poursuit en parallèle aux deux âges précédemment entrevus : d'une part au temps des vikings qui furent les premiers explorateurs polaires ; d'autre part en 1909, date « officielle » de la conquête du pôle nord par l'américain Peary. Il est désormais établi que cet exploit était quelque peu inexact : Peary a été photographié à une trentaine de kilomètres du pôle effectif (une case représente ici le célèbre cliché). Plutôt que de relayer l'une des hypothèses historiquement admises – limite technique ou escroquerie ? – le scénariste accorde cette imprécision au brouillage d'un dieu malin, soucieux de préserver son territoire de la folie des hommes. Ce dieu est aussi un protagoniste majeur du récit de la vieille inuit sur les racines de son peuple. Aux deux époques, la narration est soumises aux caprices de ce dieu, qui ne montre pourtant pas grand charisme. Ce dieux est en effet rabougri, clochardisé, déficient et susceptible. C'est une des originalités de ce triptyque, car les divinités bénéficient d'ordinaire d'une certaine déférence dans les légendes. Mais l'œuvre montre bien d'autres curiosités : des aspects gores, des dialogues au ton contemporain décalé (« on se casse ! »)... Comme souvent dans ses scénarios, Betbeder se tient donc à distance de tout archétype, quand bien même cela se fait au dépend d'un rythme tout à fait emballant. En propos de fonds, on distingue l'allégorie sur l'extension hégémonique et véreuse de l'homme sur les territoires naturels. L'autre atout vient du dessin de Paul Frichet, ciselé et besogné, pour une représentation souvent majestueuse et également peu conventionnelle des grands espaces polaires.

voir la fiche officielle ISBN 9782302027183