L'histoire :
Son premier plan ayant échoué, le Dieu déchu décide d’une parade… imparable. Il faut pouvoir anticiper les mouvements de l’ennemi et connaître ses habitudes, ses réflexes, son instinct… Quoi de plus abouti qu’un second Tupilar, mais constitué cette fois de la meilleure matière première possible : un ramassis de cadavres de deux-bras-deux-jambes tout juste trépassés. Deux ans ont passé depuis la capture du garçon ours et de la fille loup par les vikings. Cette expérience, qui aurait dû les souder, les a au contraire éloignés l’un de l’autre. Lui, accepte de participer aux travaux d’intérêt général en échange de la possibilité de vivre enfin les pieds libres de ses fers. Elle, s’obstine à ne pas se soumettre. Pourtant lorsque, ayant retrouvé à l’odeur les enfants issus des dieux, le Tupilar attaque le village viking, l’entraide revient immédiatement et le garçon ours sauve la fille loup des décombres, avant de prendre la poudre d’escampette. Ils n’ont pas beaucoup d’avance… S’ensuit une longue fuite de plusieurs années, où le Tupilar n’est jamais très loin à les renifler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà trois tomes que Stéphane Betbeder développe un scénario à deux voies. L’une d’elle se déroule il y a très longtemps : deux enfants deux-bras-deux-jambes, enfantés par d’anciennes déesses chassées de leur milieu pour avoir voulu découvrir le monde humain, fuient le monstre créé par un autre Dieu déchu, dont la mission principale est de tout faire pour obtenir leur perte. L’autre histoire se déroule en 1909, lors de la conquête du pôle. Mauss, qui accompagne l’exploration du commandant Perry, s’occupe de recueillir le témoignage d’une vieille matriarche, la dernière à connaître l’origine exacte de son clan. Avec la civilisation en marche et sa rationalité écrasante, les connaissances ancestrales de la nature et la magie disparaissent. Et si les dieux étaient à l’origine de cet oubli du primitif fantastique ? Voilà tout le contexte de ce conte glacial. Bref, Betbeder exploite le filon ressassé de l’oubli féérique à la mode arctique, mais avec une originalité et une sensualité envoutantes, basées sur l’attrait du Grand Nord et ses mystères. Paul Frichet, à l’aise sur tous les plans, fait son parti aussi bien du fantastique que de la réalité de la vie du pôle. Les paysages sont spectaculaires, le graphiste faisant sien avec prouesse tous les éléments qui peuvent rendre vivante cette contrée bien désertique. Un petit chef d’œuvre, pas très grand-public, mais fort bien venu.
