L'histoire :
Gildas se trouve à bord d’un navire d’observation dans l’océan glacial arctique, depuis lequel il effectue un reportage filmé sur les baleines à bosse. Il n’en revient pas que cet animal gigantesque puisse parcourir plus de 5000 km pour se reproduire et nourrir sa progéniture. Ce sera d’ailleurs par cette question qu’il terminera le montage de son reportage, une fois de retour à Paris. C’est alors qu’il reçoit un coup de fil de Céline Bouvière, une scientifique qui travaille sur les compositions génétiques des arbres rares et précieux. Elle aurait besoin de lui pour un reportage sur les causes et les conséquences de la déforestation. La semaine suivante, Gildas est ainsi à l’INRA de Nancy, où la scientifique lui expose la situation dramatiques des forêts et son besoin de fonds… Or pour mobiliser les fonds, rien de tel qu’une campagne promo ! Gildas accepte de partir sur le terrain, vers trois destinations différentes : la forêt amazonienne au Brésil, où les paysans s’adonnent sans vergogne au brûlis pour récupérer des terres arables ; en Casamance, dans le Sud du Sénégal, où d’autres petites gens coupent de précieux « bois de rose » pour gagner leur vie ; et dans la forêt primaire de Bornéo, où une journaliste d’investigation cherche à organiser l’exploitation raisonnable de la forêt tout en préservant la biodiversité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle série BD écolo fait écho à l’impressionnant travail documentaire que réalise Gildas, alias Mister Geopolitix. Sur sa chaine et son site, le jeune youtubeur/reporter sillonne le monde ; et caméra au poing, il pose un regard circonstancié sur les questions géopolitiques qui ont un impact environnemental. Faites un tour sur le web, la liste de ses sujets est impressionnante ! Après les livres et les jeux, pour son premier volume en BD, Gildas met le doigt sur la Déforestation tragique, en cours depuis plus de deux siècles. Ce phénomène qui se déroule surtout aujourd’hui dans des régions pauvres, ravage des forêts primaires, contribue à la disparition des espèces et réduit la « capacité pulmonaire » de notre planète. Jugez-en par vous-même : les 30 dernières années, c’est une surface forestière équivalente à celle d’un grand pays comme la Libye qui a disparu de la Terre. Dans la grande majorité des cas, cette déforestation est motivée par les besoins agricoles, soit le développement économique. Plutôt que de céder au réflexe primaire de s’insurger contre les bulldozers, Gildas essaie de comprendre. Il ne dénonce pas mais il est mis en scène au plus près du terrain, à la rencontre des défenseurs et/ou des acteurs de la déforestation, sans être réac ni donneur de leçon. Car bien évidemment, les déboiseurs ne sont pas animés d’un désir de nuire à la planète, ils répondent à un besoin ! On le suit dans cette BD consécutivement dans trois pays : le Brésil, le Sénégal et Bornéo. Le constat est à chaque fois limpide et désarmant, et c’est là la grande limite de l’exercice. On peut difficilement blâmer les déboiseurs qui organisent leur survie, et on referme cet album correctement scénarisé par Ludovic Danjou et tout aussi professionnellement dessiné par Adrien Martin, avec un sentiment d’amertume. Etablir des constats alarmants permet de sensibiliser les masses aux problèmes, mais ça, on sait très bien le faire – et cet album y contribue, certes. Au regard de la 6ème grande extinction annoncée, avec la perspective de plus en plus inéluctable de la fin de l’anthropocène, mettre en pratique des solutions viables serait autrement plus urgent.