L'histoire :
La reine d’Ythaque, Pénélope, en a eu marre d’attendre le retour de son mari Ulysse, empêtré dans une odyssée qui n’en finit pas. Elle a pris la mer en compagnie de trois copines, Antiope, Mardésia et Lampedo, pour aller le chercher. Or quand elles arrivent à Troie, c’est pour constater le massacre : les cadavres jonchent le terrain, en marge d’un immense cheval de bois pourvu d’une trappe. Assis sur une marche d’un bâtiment en pierres, un poète nommé Homère est en train de tout retranscrire par écrit. Il commence à raconter aux filles tout ce qu’il s’est passé… mais c’est un peu chiant et long. Ayant appris qu’Ulysse était depuis lors reparti, Pénélope est dég’ : son navire a dû croiser le sien. Et cette cruche de Lampedo, qui l’a effectivement aperçu une semaine plus tôt, n’a pas tilté. Bref, Pénélope et ses copines repartent sur la mer Egée en direction d’Ythaque. Au même moment, Ulysse débarque effectivement à Ythaque et apprend que Pénélope est partie à sa recherche. Il n’a plus qu’à poireauter en s’occupant de son fiston Télémaque. Et en faisant gaffe de ne pas se laisser séduire par ses nombreuses prétendantes, car sinon ça va barder…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Y’en a marre de cette Odyssée d’Homère chantant les louages de héros qui surmontent fraternellement des épreuves surnaturelles taillées à la mesure de leur virilité. A notre époque de luttes pour la condition féminine, Bernard Swysen réécrit donc l’aventure d’Ulysse vécue sous le prisme de sa femme, Pénélope. Et les rôles sont donc totalement inversés : c’est elle qui doit surmonter les différentes épreuves homériques, d’îles en îles ; tandis qu’à Ythaque, son homme doit résister à la tentation de nombreuses prétendantes. Evidemment, lorsqu’on connait la verve de Swysen, il faut s’attendre à ce que le récit soit largement parodique et truffé d’humour. Ainsi, Pénélope et ses potesses crèvent l’œil du cyclope, évitent involontairement la séduction d’une sirène mâle, se chargent de l’éducation des enfants d’Eole (dieu du vent), libèrent involontairement les pires vents enfermés dans un sac, affrontent des géants cannibales, échappent aux pièges de Poséidon et se retrouvent entre les griffes de la magicienne Circé, lesbienne. Bien qu’inspirée par les célèbres épisodes de l’Odyssée, cette version est donc très libre et fantaisiste, pourvu qu’elle permette de glisser une large brassée de bons mots – et ils sont légion. Christian Paty se charge de la partition graphique, à l’aide d’un style humoristique maîtrisé et appliqué, complété d’une palette de couleurs lumineuses (par Sophie David). A noter : l’une des copines de Pénélope, gourdasse de service, est l’alter-ego de la blonde Vanessa de Gaby et Dzack… mais en brune. Au final, il n’est pas certain que cette nouvelle série valorise spécialement la gente féminine, mais elle a le mérite de divertir, sans prétention.