L'histoire :
Malgré son poste d'attaché naval et ses aventures amoureuses avec Alice, une jeune actrice à la mode, Victor s'ennuie un peu en cette fin des années 1920. C'est donc avec beaucoup d'intérêt qu'il aborde le rendez-vous obtenu par son protecteur, le ministre des affaires étrangères, avec le célèbre constructeur automobile André Citroën. A sa grande surprise, il apprend que Citroën veut renouveler l'exploit de sa croisière noire à travers l'Afrique, en organisant une croisière « jaune », qui verra cette fois ses véhicules traverser l'Asie toute entière. Victor n'hésite pas longtemps et accepte la mission que lui confie le constructeur mégalomane : aller en Chine ; préparer la croisière, organiser son trajet, prévoir les futurs postes de ravitaillement. Il va ainsi se retrouver au cœur du désert de Gobi, puis face à de puissants parrains du milieu, pour négocier les conditions du déroulement de l'expédition et la protection dont il aura besoin. Pendant ce temps, à Paris, Alice se demande si son amant va lui garder son amour, ou lui préférer les charmes de l'orient et des mystérieuses chinoises. A son premier retour à Paris, Victor n'est pas au bout de ses surprises…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà une très bonne idée, que de couvrir en BD la Croisière jaune, cette aventure mythique et parfaitement mégalo d'un constructeur de voitures, assoiffé de reconnaissance mondiale. Aventure humaine dont la portée dépassera l'objectif initial d'André Citroën : la croisière jaune marquera le début des années 30 comme une preuve de la capacité de l'homme à surmonter les difficultés. Ce premier tome consacré à la mise en place de l'expédition est déjà captivant, parcouru par des noms mythiques et des véhicules qui ont laissé leur trace dans l'imaginaire collectif. Les personnages ne sont pas en reste, ambitieux ou fourbes, puissants et visionnaires. Le scénariste Régis Hautière a, bien entendu, utilisé toute la documentation nécessaire à la crédibilité de ce récit, en ne gardant que le nécessaire de la réalité historique. Il choisit (et c'est tant mieux) de prendre des libertés avec les faits, pour garder plus de contrôle sur son histoire et faire vivre à ses personnages des digressions qui rythment l'album. Aucune lourdeur narrative ne vient alors peser sur la lecture de ce premier tome, qui enchaine habilement les allers-retours entre les difficultés de Victor face à des hommes en armes, et la futilité de conversation d'Alice avec ses amies, aux tables des cafés parisiens à la mode. Sur le plan graphique, le jeune Arnaud Poitevin développe un style semi-réaliste plutôt convaincant, servi par les très belles couleurs de Christophe Bouchard. Un visuel parfaitement calibré pour cette aventure classique prévue sur 4 tomes, à l’adresse d’un large public.