L'histoire de la série :
Dans ce monde fantastique, lorsqu’un dragon s’installe sur un territoire, son influence maléfique s’étend sous la forme d’un voile invisible qui transforme tout être vivant en monstre hideux et écaillé. Ce phénomène, appelé le « Veill », se déclenche de manière aléatoire : il peut être immédiat ou prendre plusieurs semaines à se déclarer, selon le sujet. Seules les vierges peuvent pénétrer dans le veill sans craindre de métamorphose. Un ordre de farouches guerrières répondant à cette caractéristique indispensable a donc été créé pour lutter contre les dragons : la geste des chevaliers dragons.
L'histoire :
Une guerre des barbares sardes menés par Louis, contre l’empire de sa majesté Helsana, s’est terminée il y a deux ans par une scission du monde civilisé. Dès lors, l’empereur Louis s’affaire à reconstruire la capitale Arsalam, ainsi qu’un palais digne de sa grandeur. Dans ce contexte, un diplomate, le duc Lorta, consigne par écrit moult rapports et confessions en apartés, dans un rôle parfaitement assumé d’espion-double. L’impératrice attend notamment de lui qu’il la rencarde sur la capacité des troupes de Louis à endiguer une nouvelle attaque surprise. Les conséquences seraient en effet quitte ou double… De fait, Lorta fait pression et négocie avec moult indics, qui lui rapportent les discussions de palais et les positions de tous les acteurs en présence. Ainsi bénéficie-t-il d’un contact privilégié avec Laone, éminente membre des chevaliers dragons. Cet ordre guerrier et religieux, uniquement composé de combattantes vierges, a beau avouer ne pas se préoccuper de politique, il demeure un puissant allié… ou une force rivale, selon qu’elle considère les actes légitimes ou non. Lorta constate jour après jour que la discipline ne règne pas au sein des sardes. Les composantes de ce nouvel empire se montrent en effet bien hétéroclites…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien qu’indépendant, chaque épisode de la Geste des chevaliers dragons étoffe un univers teinté de diplomatie et de fantasy convaincant. Autant le tome inaugural s’avérait « basiquement » spectaculaire, autant ce tome 20 présente une veine narrative autrement plus consistante (parmi d’autres). Au sein de la saga, on aura d’ailleurs rarement bénéficié d’une telle densité narrative en un seul volume de 46 planches. Un conseil, restez bien concentrés ! Ici, un protagoniste central – l’espion Lorta, aux manigances particulièrement retorses – sert de relais narratif idéal. Les confessions qu’il enregistre et consigne par écrit permettent de détailler les enjeux et les personnalités de chaque protagoniste, longuement et minutieusement, jusqu’au climax final. Cette scène très attendue valide alors chaque point du « cahier des charges » de la Geste : attaque de dragon, pollution de veill, combat avec les chevaliers… et termine en beauté une intrigue politique idéale. Or le scénariste Ange s’appuie sur les talents infographiques d’un artiste confirmé, Looky. Ce dernier exhibe des planches magnifiques, enluminées par un trait encré, maîtrisé et taillé à la serpe. La richesse des architectures et des costumes maximise l’immersion et la vraisemblance de cet impitoyable monde barbare imaginaire. Les cadrages dynamiques et variés s’inscrivent en outre dans un découpage souvent serré – certains diront un peu chargé – imposé tantôt par la densité du récit, tantôt par le souci de maximiser le spectaculaire. Ainsi, en matière de cases chocs, on est servi, sans grande retenue pour les épanchements d’hémoglobine.