L'histoire :
Parmi les crustacés, il en est un qui n'a pas été gâté par la nature : le cancer simplicimus vulgaris. Ce petit crabe vivant sur les rivages de l'estuaire de la Gironde se distingue par sa forme carrée et par une caractéristique étonnante : il ne peut marcher qu’en ligne droite, latéralement, sans jamais changer de direction. Dominique et Raymond, deux journalistes animaliers, partent sur les plages afin de lancer un reportage sur les crustacés. L'un de ces petits crabes se rend compte en effet que, lorsqu'un de ses congénères sort du sable et le porte un petit peu, sa direction change et un nouveau monde s'offre à lui. Avec l'autre crustacé, ils décident même de se donner des noms, choses inédites pour leur espèce : Soleil et Bateau. Cette soudaine évolution n'est pas forcément vue d'un bon œil, notamment de la part des tourteaux qui se mettent alors à fomenter un plan en retour.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2004, Arthur de Pins n'était pas l'auteur « hype » qu'il est devenu à ce jour avec ses séries Péchés mignons et Zombillénium. A force d'utiliser son logiciel d'architecte, l’artiste crée à cette époque une charte graphique étonnante et en tire un court métrage appelé La révolution des crabes. Récompensé par le prix du public du festival d'Annecy, de Pins n'a visiblement pas lâché ses petits crabes de Gironde, puisqu'il souhaite faire de cet œuvre un long métrage. Déjà bien avancé et intitulé La marche des crabes, l'artiste sort ici en préambule la version bande dessinée, premier opus d'une trilogie (suivront L'empire des crabes et La révolution des crabes). Les spectateurs du court-métrage accueilleront cette relecture du premier essai cinématographique de l’auteur avec un véritable plaisir, car le créateur des Péchés mignons incorpore davantage d'éléments scénaristiques. Bien entendu, tout est prompt à placer ici et là un humour décalé et jubilatoire. L’histoire demeure celle des crustacés qui découvrent soudain la possibilité de se déplacer autrement que de biais, et donc d’échapper à leur destinée toute tracée. On se délecte des événements agréables et sympathiques, liés à cette faune méconnue, malgré un style visuel moins fouillé que sur les autres productions de l’auteur. La bibliographie d’Arthur de Pins s'étend très rapidement, cette année… En sera-t-il de même l'an prochain ?