L'histoire :
En 1470, Bernardo Nardi tente de soulever les habitants de Prato contre Florence. La capitale Toscane est alors devenue, grâce à Cosme Médicis, l’un des phares de la culture et de l’intelligence européenne. Nardi n’a pas réussi son coup d’Etat, mais Laurent, fils de Pierre et petit-fils de Cosme, n’a que 20 ans. Il veut asseoir son autorité. Contre l’avis de ses conseillers, il fait venir Nardi dans ses geôles et lui propose la vie, contre les noms de ses complices, qu’il promet de ne pas tuer. Pourtant, Laurent fait un exemple de tous les conjurés et les fait tous exécuter, pour montrer sa détermination, malgré son âge. Cela le rend triste, mais il explique cela à son épouse, Clarisse, une femme forte et intelligente. Durant les mois suivants, il s’applique alors à sortir, à se montrer au peuple de la République de Florence comme ce qu’il est, un vrai monarque en réalité. Mais dès 1472, c’est Volterra qui se rebelle, à cause du partage régalien de mines d’alun effectué en son nom par quelques nantis. Laurent décide alors de se déplacer en personne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Beaucoup d’entre nous connaissent Laurent le magnifique grâce à la dédicace en ouverture du Prince de Machiavel, passage souvent obligé du bac français. Ici, on l’aime tout de suite. A 20 piges, le gars décide de mentir à un condamné à mort et de faire exécuter tout un tas d’opposants, alors que ses aïeux s’étaient faits aimer du peuple et des bourgeois à la fois. Lui décide de se faire craindre, et de pousser au maximum le faux-semblant de la République florentine. La capitale de la Toscane lui appartient, à lui et à sa famille, et il entend le montrer, surtout à ceux qui voudraient profiter de sa jeunesse pour le tester. Dont acte. Les jeunes florentins ambitieux l’adorent, comme le jeune Nicholas Machiavel, et le curé illuminé Savonarole le promet au bûcher. On sait qui sentira les flammes lécher sa robe… Le scénario d’Olivier Peru est toujours aussi efficace. L’Histoire l’aide, bien entendu, mais son histoire à lui déroule avec efficacité la vie des Médicis. Il est accompagné désormais du catalan Eduard Torrents qui a notamment collaboré à Sherlock Holmes Society (tome 2). Son dessin est moins rond, plus raide que celui de Giovanni Lorusso, mais tout aussi agréable. Florence est magnifique, qui nous parle elle-même dans les récitatifs et aussi dans les images. Et on comprend la fascination de ses contemporains pour Lorenzo Medicis, ce grand républicain qui fut, dans les faits, le premier monarque de la ville. Le côté romanesque marche à plein, mais un seul tome est un peu court pour éclairer la vie d’un des hommes politiques les plus complexes de l’histoire. On est emporté par l’histoire et la beauté du trait, mais on reste finalement un peu sur sa faim. Enfin, si on chipote un peu…