L'histoire :
En 1934, Doris avait passé onze mois dans le sanatorium de Louisville pour soigner une tuberculose. Devenue mère, elle est naturellement retournée dans cet établissement lorsque sa fille Cora a présenté les premiers symptômes de la maladie. Ayant peu de moyens pour subvenir aux frais médicaux, elle y propose, d’ailleurs, ses services comme infirmière. Très vite la petite Cora est confrontée à des visions terrifiantes qui lui font rencontrer des personnages troublants : des pensionnaires de l’établissement morts depuis de nombreuses années… Craignant pour la santé mentale de sa fille, Doris consulte le neurologue de l’hôpital. Ce dernier préconise des électrochocs pour empêcher à la petite fille d’avoir des hallucinations. Loin d’apaiser ses cauchemars, le procédé semble plutôt les renforcer. Mais au-delà de ses méthodes barbares, le Waverly Hills pourrait renfermer bien des secrets. L’un d’eux semble lié à l’acheminement nocturne d’un grand nombre de « paquets » qui encombrent l’établissement, comme dans les années 30 au plus fort de l’épidémie… Le quotidien de Cora est, quant à lui, toujours animé par d’étranges rencontres. Lors de l’une d’elle, elle écoute Albert qui l’invite à venir le retrouver la nuit même, dans le « tunnel de la mort » où il cohabite avec des milliers d’autres enfants. Cette invitation la perturbe fortement : elle entend en effet chaque soir depuis l’électrochoc, les sifflements d’un train qui s’engouffre dans un tunnel. Le trouble est à son comble lorsque sa mère se souvient qu’effectivement un train ravitaillait l’hôpital 17ans plus tôt. Elle l’entendait elle aussi, la nuit, alors qu’elle s’endormait dans ce lugubre bâtiment…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En signant le 2e volume de cette trilogie, Christophe Bec entre définitivement au Panthéon des maîtres du frisson. Car s’il existe une catégorie qui savonne abondamment la planche des auteurs de tous genres, il s’agit bien de celle de l’épouvante. Il est en effet tellement facile de tomber dans le grotesque ou l’improbable, le sanguinolent ou le complètement creux. Pour éviter la glissade, notre scénariste est passé orfèvre dans l’art de créer des ambiances pesantes, un as dans la science du huis clos. Il nous avait déjà fait prendre le bouillon en nous immergeant à quelques miles sous l’océan dans le somptueux Sanctuaire ; il enfonce définitivement le clou (on ne dira pas où pour les âmes sensibles…), en utilisant pour Pandemonium un bâtiment lugubre, alimentant très facilement notre imaginaire. Pour assoir le sentiment d’oppression qui nous gagne au fil du récit, il utilise le jeu des personnages comme le meilleur des atouts : il oppose la douceur de la petite Cora et de sa maman, au cynisme et à la barbarie des médecins; le décalage entre « l’honnêteté » des fantômes et le mensonge des vivants. L’ensemble est lié par un suspens Hitchcockien qui nous rive à l’histoire de bout en bout. A la dernière case, on est proche de l’asphyxie… En ajoutant un petit coté « histoire vraie » à son intrigue, il excite définitivement notre curiosité. Le dessin de Raffaele parachève l’œuvre en réussissant à traduire parfaitement l’angoisse des situations. Reste pour les auteurs à terminer correctement le boulot pour éviter de ne faire s’écrouler le château de cartes en proposant un final décevant. On compte sur vous messieurs !