L'histoire :
Alaska, chaîne de montagnes de Brooks, 1943. A bord de leur « snowcat », Joe Dunn et son ami Henry entrent dans un petit village de pêcheurs habituellement grouillant de vie. Pourtant cette fois, ils font le constat amer de l’incroyable disparition des 600 habitants. L’endroit est désert. Seule présence : un gouffre circulaire immense au fond duquel un gros cube en métal intrigue les deux amis. Aussitôt prévenu par Joe, l’Eielson Air Force Base envoie plusieurs dizaines de militaires. L’armée récupère le cube fait d’un métal inconnu et entre en « contact » avec des entités aliens. Tout cela ne sera évidemment jamais révélé. D’autant qu’il restera du contact un grand flash lumineux et des dizaines de corps sans vie. D’autre part, le cube mystérieux sera confié pour livrer ses secrets aux unités scientifiques stationnant dans la fameuse zone 51, dans le désert du Nevada. Zone dans laquelle aujourd’hui et depuis le 21 septembre (jour où les catastrophes de 13h13 ont débuté), on est capable de lire dans l’avenir. Et le constat est on ne peut plus inquiétant : la fin humaine est proche. Ce n’est d’ailleurs pas faute d’avoir été mis en garde depuis bien longtemps. Reste quelques singes pour montrer la voie et quelques aventuriers perdus dans une improbable ville de Providence…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On pourrait légitimement se montrer agacé de voir l’intrigue de cette excellente série d’anticipation nous mener par le bout du museau : sept opus millimétrés autour d’une série d’événements pré-apocalyptiques énigmatiques (chaque jour à 13h13…) et toujours rien de suffisamment copieux à se mettre sous les crocs pour en révéler le pourquoi. Et pourtant… Il est une nouvelle fois bien difficile de ne pas se faire chopper par ce scénario addictif, inventif en diable, rythmé, gourmand de théories scientifiques, de secrets (ou manipulations gouvernementales) et anxiogène à souhait. D’autant qu’à bien y réfléchir, même parcimonieusement, le réseau des révélations tisse sa toile pas à pas en un balancement habile. D’un coté : une destruction humaine massive qui semble à (court) terme inéluctable et pour laquelle on aiguille un pourquoi (bien qu’encore brumeux). De l’autre : de bonnes doses d’espoir pour un autre dénouement. Alimenté, d’ailleurs cette fois-ci par la ténacité de Jeff Spaulding (le Directeur de Vol de la NASA) ou le vaille que vaille de nos amis golfeur, archéologue ou militaire coincés dans une ville de Providence (parallèle ? futuriste ?) dévastée. Bref, l’hameçon est pris pleine gueule, ajusté par de savoureux flashbacks ou mieux encore de petites friandises à propensions scientifiques particulièrement habiles à piquer notre curiosité (tout en alimentant un brin l’intrigue). Ici vous vous délecterez de cette fameuse Théorie du 100éme singe (peut être l’une des clefs de la série…), vous deviendrez incollable en matière de « sinkhole » et comprendrez l’intérêt de la perception visuelle antipodique. Au-delà, vous adopterez définitivement – sans vous en apercevoir – le panel de protagonistes proposé pour un éventail complet de psychologies. En somme, de l’excellent boulot, servi régulièrement à la manière d’un bon vieux feuilleton et surmonté d’une partie graphique de haute tenue, collant parfaitement au scénario. On s’impatiente, d’accord ! Mais bon sang, ce qu’on aime ça !
