L'histoire :
Jack Stanton a désormais assumé le rôle qu'il a joué en exhumant le sanctuaire perdu dans l'Himalaya, au début des années 2000. Sa soif de gloire, son ambition personnelle l'ont conduit à refuser tous les messages de prudence de ses collègues explorateurs qui voulaient fuir sans aller plus loin. En pensant révéler au monde la découverte d'une civilisation éteinte, datant de plus de 8000 ans, Stanton a en fait ouvert une porte qui a permis à des forces obscures d'envahir le monde, le réduisant en quelques mois en un champ de ruines. Dans ce qui reste de New York, accompagné de quelques survivants de l'espèce humaine qui ont subi de terribles mutations, il tente d'assumer son rôle de prophète, dont il a compris le sens, puisqu'il est celui qui connait les origines de l'état actuel du monde. A chaque étape de l'affrontement contre les monstres qui peuplent désormais la ville, Jack va tenter de sauver son groupe de compagnons, tout en progressant vers le lieu où tout a commencé. A la recherche du premier message vidéo qu'il a reçu eu guise d'alerte, il va toucher du doigt une vérité qui remet en perspective le déroulement de l'Histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après près de 8 ans d'attente – qui nous ont accessoirement permis de lire Long John Silver – Matthieu Lauffray termine enfin la saga qui a révélé son potentiel de dessinateur réaliste. Visuellement, la claque est magistrale. Lauffray, accompagné d'Eric Henninot et de Patrick Pion sur quelques pages, livre un album à couper le souffle. Très orienté sur la progression de l'histoire, sa mise en scène trouve une puissance nouvelle dans ce tome de conclusion. Mais Lauffray ne se laisse pas aller à des pages purement visuelles qui, bien que très belles, détachaient parfois le lecteur de son intrigue dans les volumes précédents. Ici tout se tient, chaque planche étant un régal pour les fans d'un dessinateur qui puise ses influences autant dans la BD réaliste franco-belge que dans les codes visuels des comics, ou des grands illustrateurs comme Frank Frazetta. La force scénaristique de ce quatrième tome se trouve également dans l'alternance des scènes actuelles dans New York en ruines, et des flashbacks sur la genèse de cette fin du monde. On apprend de nouvelles choses sur l'origine de la catastrophe, et le retour poussé sur la personnalité de Jack donne une forme du justification à son comportement. C'est judicieux dans la mesure où les tomes 2 et 3 semblaient conduire la série vers une simple course-poursuite entre les survivants et les zombies ou les monstres qui voulaient les anéantir. On retrouve une vraie profondeur, tandis que l'auteur a visiblement mûri dans la gestion de ses dialogues, dont le ton est désormais juste, approprié avec le rôle majeur que joue le héros. Une conclusion réussie, qui devrait permettre à un nouveau public de découvrir un récit puissant et spectaculaire. Quant à ceux qui ont patienté, ils ne le regretteront pas...