L'histoire :
Gabriel Stern, 32 ans, né en 2102, est un tueur professionnel de sang froid, le meilleur de tous. Officiellement, Gabriel n’existe pas. Les méthodes les plus archaïques sont encore celles qui fonctionnent le mieux face aux systèmes de surveillances ultrasophistiqués. Dans une ville de plus de 40 millions d’habitants, la mégalopole de L.I., 4e ville la plus importante du globe, ça n’est finalement pas si difficile que ça de disparaître. Totalement désabusé sur le genre humain, Gabriel se fond dans cette fourmilière déprimante. L’urbanisme à outrance, les principes de société infects, la pollution chimique… Lorsqu’il lève les yeux au ciel, la nuit, son regard se pose sur la lune partiellement détruite par le récent conflit nucléaire. Dans cette vie de merde, Gabriel n’a aucun scrupule à tuer et le fait de manière très efficace. Son contact pour les contrats est un vieil homme appelé Leden, celui qui l’a recruté, formé et qui a organisé sa disparition. Or, depuis quelques temps, Gabriel fait des cauchemars et se pose mille questions existentielles. Pour s’« aider » face à lui-même, il se fait rémunérer à présent avec une drogue onéreuse, la Blue. Ce neuroleptique surpuissant décuple les facultés sensorielles, surtout lorsqu’il reste à jeun plusieurs jours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album a beau avoir un titre de série (Septième ange) plus un titre d’album (Gabriel), il n’en est pas moins un one-shot. A l’ouverture, on note immédiatement un graphisme assez… déconcertant. Les planches du japonais Kenjo Aoki sont au stade d’un rough crayonné directement attaqué à grands renforts de palette informatique. Cela risque de rebuter plus d’un amateur de BD traditionnelle, mais s’avère néanmoins intéressant, surtout sur l’ambiance que cette technique – très maîtrisée – permet d’obtenir. Ce futur parait froid, déshumanisé, déstructuré… bref, les conditions idéales pour que s’autodétruise sous nos yeux cet assassin narco-dépendant. Les cadrages sont en général excellents, mais la logique de distanciation du découpage, et les représentations parfois aux frontières de l’art contemporain, ne favorisent pas toujours la meilleure lisibilité. Concocté par les compères Nicolas Tackian et Miquel, deux scénaristes fidèles aux éditions Soleil (Tackian en est même maintenant directeur de la collection Terres secrètes), le scénario n’a pourtant rien de révolutionnaire. En fait, plus que l’énième récit de la dérive psychologique et suicidaire d’un tueur qui a perdu toute illusion, c’est bel et bien l’aspect graphique hors norme de l’album qui en fait le sel. On peut trouver les couleurs de ces planches criardes… ou expérimentales. Cependant, cela participe pleinement aux nouvelles recherches visuelles sur le médium et certaines images restent longtemps gravées en mémoire…