L'histoire :
« 100 ans déjà… à vivre terrés comme des chiens derrière les hauts murs de la citadelle… 100 ans pour oublier les montagnes enneigées, les champs de blés… Frémir devant les gerbes de feu qui déchirent les cieux. Trembler à l’idée de voir surgir ces créatures ailées sanguinaires qui veulent nous chasser de nos fiefs. Et laisser plonger mon royaume dans les ténèbres… Mes généraux me portent, ces jours, de biens tristes nouvelles : Nord, Ouest, Est et Sud sont parsemés de cendres, de dépouilles fumantes et calcinées. L’armée de mon allié, le roi Ti-Harnog, vient d’être défaite : engloutis sous les glaces ses quelques 2000 soldats… Mais je l’attendrai jusqu’à mon dernier souffle, ceint de son armure de glace tenant dans ses mains vengeresses notre salut comme le prétend la prophétie. Il nous a libérés, il y a 100 ans déjà… Il a disparu dans la grande faille en les combattant, mais elles sont revenues. Il reviendra car un siècle s’est écoulé… Pourrait-il prendre les allures d’un garçonnet aux cheveux blonds ? Un petit bout d’homme si agile qu’il atteint de sa sagaie une cible à 400 pas ? Si invulnérable qu’il brûle mais ne périt pas… Qu’il vienne quoiqu’il soit : je l’attends ! »
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une de plus à son arc ! Après être devenu l’une des pointures du récit fantastique hautes tensions, Christophe Bec s’essaie avec Ténèbres à l’heroïc-fantasy. Force est de constater que dans un genre plutôt très présent dans le 9e art, il réussit à « faire du Bec » en utilisant des codes qui depuis JRR Tolkien et consorts façonnent ce petit monde. Sa patte : une inégalable façon de manier le suspens en saucissonnant la narration avec une incroyable fluidité (là où bien d’autres accumulent incohérences et confusions) ou en multipliant pistes et questions. La panoplie HF : une société moyenâgeuse ; de belles épées ; des femmes au visage doux, aux cheveux corbeaux ; des créatures improbables et monstrueuses ; de la magie… Christophe Bec réussit ici, donc, la parfaite symbiose entre son univers et celui des maîtres qu’il admire vraisemblablement. Certes, pour cet opus, il se contente d’une simple « intro-immersion » (une habitude chez lui) dans laquelle un royaume s’enfonce dans le chaos : seule une ancestrale prophétie peut le sauver. Les prouesses d’un jeune paysan laissent supposer que le sauveur est là, qui attend… mais connaissant cet animal de scénariste, nous ne sommes certainement pas au bout de nos surprises. Outre ces prémices d’intrigue prometteuse, on est littéralement soufflé par le travail graphique d’Iko : minutie ; mouvement ; occupation de l’espace des planches ; réalisme des expressions des visages ; spectaculaires vues panoramiques… Un dessin impressionnant et à la hauteur de nos attentes en matière de plongée au cœur des belles épopées. A ne pas manquer.