L'histoire :
Léla est la seule astronaute à bord du vaisseau-télescope Ulysse, en charge de la mission « Terra Incognita ». Nous sommes le 22 octobre 2283 et comme tous les jours depuis 7 ans – le temps du voyage pour aller jusqu’à Neptune ! – elle enregistre son rapport vidéo, qui doit être transmis à la Terre. Etant donné la distance (4,5 milliards de kilomètres), cette transmission va prendre 4h. Malgré son extrême solitude, Lela reste enthousiaste pour cette mission qu’elle a toujours rêvé de faire, et pour laquelle elle a tout quitté… y compris sa compagne, restée sur une Terre polluée, devenu quasi invivable. Mais Lela confie tout de même à la vidéo ses états d’âme et ses questions existentielles, non sans un certain cynisme. Comme unique retour, l’ordinateur de bord lui confirme froidement la conformité (ou non) de l’envoi des datas. Elle regrette que le soutien psychologique qui lui a été promis n’ait jamais été assuré. Elle fait ses exercices musculaire, avale sa purée alimentaire dans un sachet aluminium, et puis elle se prépare à son prochain saut en immersion profonde, sur le système HD-1461, en se rendant dans le cocon de téléportation virtuelle. Ces sauts sont la raison première de son engagement. Ils lui permettent de visiter des exoplanètes lointaines, impossible à atteindre astro-physiquement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au-delà de Neptune inaugure de manière on ne peut plus appropriée le nouvel label des éditions Steinkis, Aux confins, dédié aux récits « de genre ». Ce one-shot réalisé en auteur complet par l’italien Gabriele Melegari nous emmène en effet aux confins du système solaire, dans l’orbite de la bleutée Neptune, comme le dit le titre, dans un avenir relativement proche (l’an 2283), à la suite d’une astronaute esseulée volontaire. Sportive, altruiste et déterminée, Lela a en effet accepté une mission de plus de 20 ans en solitaire, autant par vocation que par dévouement. Une partie d’elle espère trouver des solutions (technologiques ou organiques) à la sur-pollution qui gangrène la Terre, notamment en multipliant les visites virtuelles d’exoplanètes. Une autre répond égoïstement à sa pulsion de voyage lointain, à son attirance métaphysique et quasi organique pour l’indicible et l’infini cosmique. En somme, l’auteur synthétise les réelles questions de temps et d’éloignement pour l’exploration spatiale et interroge en problématique de départ la question actuelle majeure : l’Homme parviendra-t-il à enrayer son suicide climatique par une réponse technologique ? Evidemment, Melegari ne fournit pas la réponse et s’offre une porte de sortie métaphysique – la base de toute bonne SF. Le propos est super pertinent et il s’accompagne graphiquement d’un réel voyage cosmique, qui multiplie autant les perspectives vertigineuses que les décors technos ou les immersions lyriques dans des paysages telluriques enchanteurs. Si tous les ouvrages à venir d’Aux confins sont de cet acabit, ça promet !
