L'histoire :
Ambroise Vollard a 25 ans quand il décroche son premier job de galeriste à paris en 1891. A cette époque, les prémices de la révolution toute proche sont détectés par très peu de ses congénères. Lorsqu'un premier Pissaro lui passe entre les mains, il réussit à le vendre bien plus vite que son patron ne pouvait l'imaginer. Il en va de même de ses premiers impressionnistes. Très vite bloqué par trop de conservatisme, il prend ses ailes et démarre sa propre petite affaire, dans un minuscule local. Le premier Cézanne qu'il découvre dans la vitrine d'un confrère sera sa première fulgurance. Il veut rencontrer l'artiste, il veut lui consacrer un jour une grande exposition. C'est le début d'un parcours hors du commun qui va révéler au grand public des talents devenus éternels. Vollard va contribuer à la découverte des plus grands, des individualités toutes différentes qui prennent peu à peu conscience de leur rôle dans le dépassement d'une époque. Le salon d'automne au Petit Palais en 1905 sera le point de départ d'un mouvement irrésistible qui va tout transformer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Julie Birmant nous plonge dans la passion des galeristes du début du siècle dernier, qui ont connu au cœur de Paris le choc entre des courants de peinture que tout semblait opposer. Son parcours au cœur du cubisme est en fait un itinéraire qui décrit plus largement la naissance de la peinture moderne, en tout cas celle qui dépassa pour la première fois le figuratif. Elle rappelle les grandes expositions qui ont marqué l'époque, et la couverture médiatique énorme qu'elles ont reçu. Un peu en quelque sorte comme aujourd'hui les installations ou les happenings provocateurs provoquent des échanges radicaux sur les réseaux sociaux et dans les médias. Les noms qui se croisent sont illustres, certaines de leurs querelles personnelles ne sont pas forcément connues du grand public, comme cette rivalité de départ entre Picasso et Braque. Sur le plan de la réalisation, la tâche n'est pas simple et le style de Pierre Fouillet reste très basique, souffrant d'un manque d'expression des personnages qui exclut une part du potentiel émotionnel du sujet. La scénariste, de son côté, choisit une première personne du singulier dont le sujet change à chaque nouvel artiste : un peu déroutant au premier changement de chapitre. Le fond de cette rétrospective est intéressant, mais la forme souffre un peu, au point qu'on se dit qu'un simple livre d'images avec des anecdotes et des coupures de presse aurait été pas mal non plus. Mais ce serait probablement renoncer à aller titiller la curiosité d'un public plus large. Et cet album titille plutôt bien.