L'histoire :
Nantes, un matin de printemps. Sur les rives de la Loire, l’avocate Anne Bouillon file à vélo et prend position. Elle a renoncé à défendre les hommes qui commettent des actes de violence à l’encontre des femmes. Pourtant, elle les a défendus sans état d’âme. C’est son rôle d’avocate. Malheureusement, c’est un renoncement coûteux vis-à-vis des femmes auprès desquels elle s’est engagée. Elle ne s’en sentait plus capable. Elle est critiquée pour ce choix militant de féministe revendiquée. Elle revient sur une histoire qui l’a marquée. Nous sommes au Mali en 1979. Djeneba, né au cœur du pays dogon. Quant elle a six ans, elle déménage à Bamako. Son rêve est de devenir vétérinaire. En 2006, elle croise Jean-Paul Gouzou, un agriculteur qui a 30 ans de plus qu’elle. C’est un charmeur. Il se marie en juillet 2008. Très vite, les premières disputes éclatent, laissant place à la désillusion. De leur union, trois enfants viendront : un fils et deux filles. L’agriculteur revend son exploitation au prix fort à sa femme. Elle travaille comme une bête. L’agriculteur frappe sa femme, la violente. Après mûres réflexions, Djeneba décide de porter plainte devant le juge aux affaires familiales qui interdit à Jean-Paul Gouzou d’entrer en relation avec Djeneba, sauf pour la remise des enfants. Après quelques temps, Djeneba informe le père de ses enfants qu’elle compte revoir sa famille avec leurs enfants. Après avoir appris la nouvelle, Jean-Paul Gouzou, décide de charger son fusil et d’aller régler son compte à Djeneba. Anne Bouillon était partie civile au procès de cet homme. La justice la condamné à 25 ans. Cette violence, elle ne peut s’y accoutumer. C’est exactement pour ça qu’elle a fondé son cabinet.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le mouvement #metoo a révolutionné le droit des femmes. Désormais, elles peuvent mieux faire entendre leurs voix et témoigner des violences sexuelles qu'elles subissent au quotidien. Lancé en 2007, ce hashtag est devenu un symbole féministe qui gagne en notoriété en 2017 avec l’affaire Harvey Weinstein, mettant en lumière les agissements délictueux d'un homme de pouvoir ; ou en France avec l'affaire Gabriel Matzneff montré du doigt à juste titre par le livre-révélation Le consentement de Vanessa Springrora. Les avocat(e)s animé(e)s par un désir de justice ont ici un rôle essentiel à jouer dans toutes ces affaires en réveillant les consciences. Rendez-vous compte que seuls 14% des viols pour lesquels une plainte a été déposée auprès de la police donnent lieu à une peine ! Ce chiffre glace le sang. Anne Bouillon, avocate résolument féministe accompagnée par Charlotte Rotman, journaliste à Libération, expose sa démarche et les raisons qui l'ont poussée à entreprendre ce combat. Les deux autrices présentent les différentes affaires de l'avocate qui n'hésite à faire parler ses convictions, ses prises de position, son âme et son cœur dans chaque plaidoirie. Chaque procès devient une charge contre le patriarcat. Les lignes bougent, mais lentement. Le dessin direct et sans détour de Lison Ferré (et les couleurs de Juliette Vaast) illustre parfaitement cette lutte acharnée pour libérer le silence des femmes et mettre les hommes face à leurs crimes. Le combat n'est pas fini car les affaires du moment (ex : le procès des viols de Mazan avec Dominique Pélicot jetée en pâture par son mari à des hommes recrutés sur Internet, défendue par Me Béatrice Zavarro) comme celles à venir (le féminicide de Mérignac, avec Chahinez Daoud, blessée par balles puis brûlée vive par son ex-mari, défendue par Me Julien Plouton) n'ont pas fini de nourrir l'actualité. La révolution est en marche.