L'histoire :
Préfecture du Nord, juin 2018, 8h, une avocate va défendre son client. Il est présent malgré les recommandations qu’on lui a faites. « J’ai une bonne nouvelle. Votre demande a été acceptée ». Il a 21 jours pour faire sa demande d’asile politique, désormais. Que de chemin pour en arriver là ! Il a quitté sa terre, sa famille, ses amis, sa culture pour espérer vivre mieux en France, pays des libertés. Que d’embûches pour vivre en sécurité. A chaque étape, il fallait sortir de l’argent, encore et encore. La corruption a bon train, partout. Ce n’était pas différent chez lui. Lui qui voulait un changement politique et la permission accordée à chaque citoyen de s’exprimer librement... Très vite, il s’est rendu compte que le pouvoir en place ne partageait pas son opinion. Ainsi tout opposant à l’ordre établi se faisait sévèrement réprimer. Les morts et les blessés se sont comptés par milliers. Puis sur le chemin, on l’a aussi exploité. « L’esclavage n’est pas fini ». Il risquait sa vie en étant identifié comme opposant au régime. Seidou ne voulait pas fuir, il voulait vivre et protéger ceux qu’il aime.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
N'en déplaise à la pandémie de covid-19, l’immigration reste un sujet d’actualité, et vraisemblablement un sujet de long terme. Du bain béni pour les partis d'extrême, qui se servent des migrants pour les stigmatiser, les rendre responsables de la misère, voire complices des terroristes. Il est toujours plus facile de trouver un bouc émissaire que d’essayer de comprendre et d’explicité la complexité d’une situation multifactorielle. « Il y en a qui nous traitent de voleurs, d’envahisseurs… comme si on était à l’origine de tout ce qui se passe de mauvais ici ». Commençons par essayer de comprendre le pourquoi du choix de partir. Et puis écoutons les témoignages sur ces chemins remplis de souffrance, de haine et de violence. C’est ce que proposent Xavier Bétaucourt et Virgine Vidal à travers le témoignage de Seidou, qui évite l'écueil du larmoyant pour nous apitoyer. Le traitement graphique se met au diapason du scénario pour évoquer les faits, les comportements, les évènement à travers le regard d’un homme de volonté. Virgine Vidal joue avec délicatesse sur les teintes pour qu’on puisse se repérer dans la temporalité narrative. Certaines teintes plus vives mettent aussi l’accent sur la brutalité humaine devenue banale sur les routes de la fuite. On se retrouve aux côtés du jeune migrant qui doit inlassablement lutter, d’abord pour fuir sa terre natale, ensuite pour rester sur le territoire français. De procédure en procédure, il part en quête de papiers, il raconte son transit… et doit éviter de se faire prendre par la police. Les heureux élus à pouvoir rester sont rares, la plupart sont renvoyés dans leur pays d’accueil en Europe. Nombre états fuient les responsabilités en jouant la carte de la misère, espérant que les problèmes s'évacuent d’eux-mêmes. On ne ressort pas indemne de cette lecture qui nous interroge sur le droit d'asile et nos propres valeurs.