L'histoire :
Comme l’avaient programmé les deux dandys viennois, Alec et Klement, après avoir abreuvé Victor de richesses et satisfait ses plaisirs, ils l’abandonnent désormais à son triste sort, dans le but d’en faire un ennemi de la société. La descente aux enfers pour le jeune gamin est terrible. Après quelques temps d’errance, Victor retrouve par hasard Klement. Ce dernier est désormais seul et en fauteuil roulant. Avec l’argent de la pension que lui verse son ancien acolyte, Klement organise de somptueuses fêtes, où tout le gratin de la capitale autrichienne vient s’encanailler. Le jeune Victor n’a désormais plus qu’une obsession : il souhaite retrouver le cynique Alec, celui qui a fait de lui un orphelin et surtout un être dépendant à l’argent. Malgré les avertissements insistants de Klement, Victor prend le train pour Paris où résiderait Alec, le temps de l’exposition universelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce qu’il y a de génial avec les scenarii de Wilfried Lupano, c’est que vous n’êtes jamais déçu ET souvent surpris : ses histoires sont toutes élaborées, originales et poussent le lecteur à la réflexion. Avec L’Assassin qu’elle mérite, Lupano aborde la perversion que peut opérer l’argent sur la nature humaine. Victor est le jouet (ou l’œuvre d’art) d’une machination machiavélique orchestrée par deux bourgeois libertins qui ont fait, d’un pauvre gosse des rues, un criminel en puissance. Dans ce troisième opus, les protagonistes se retrouvent en France au cœur de l’exposition universelle de 1900. Une manifestation culturelle controversée par certains, qui la perçoivent comme un moyen de déculpabiliser la société bourgeoise occidentale de l’exploitation de l’homme par l’homme. Victor souhaite se venger de son ancien mécène et découvre, en l’observant discrètement, qu’il échafaude un nouveau complot contre la société… Serait-ce l’occasion pour lui, en déjouant les plans d’Alec, de se racheter une conduite aux yeux de la société ? L’histoire ne s’essouffle pas, on se laisse capter par une intrigue sombre, rythmée, pleine de rebondissements et bien inscrite dans le contexte politique de l’époque. Après avoir quelque peu modifié son dessin entre les premier et deuxième tome de la série (encrages moins prononcés, aplats de noirs plus discrets), Yannick Corboz confirme toute l’étendue de son talent : son trait est vif et les couleurs flamboyantes. Les décors de l’exposition universelle et du Paris au début du XXème siècle sont magnifiques ; les toilettes des femmes sont somptueuses. On referme ce livre en éprouvant nous aussi une certaine frustration : celle de devoir patienter pour connaître le dénouement de cette histoire dans le 4ème volume.