L'histoire :
Dans la cour de l’École du village de Longeverne, c'est l'agitation. Grangibus explique à Lebrac que lui et son frangin, Tigibus, accompagnés de Boulot, viennent de se faire copieusement insulter par les gars de Velrans, le village voisin. L'Aztec, Touegueule, Bancal et Migue la Lune leur sont tombés dessus en les traitant de couilles molles ! Voilà qui mérite vengeance, et les peigne-culs de Velrans n'ont qu'à bien se tenir. Le prochain d'entre-eux va morfler : il repartira chez lui tout dépenaillé. Faudra qu'il s'accroche à son froc et sa chemise, parce qu'on lui fera sauter tous ses boutons à coup de canif !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour beaucoup, La guerre des boutons, c'est une histoire immortalisée par le long métrage d'Yves Robert, réalisé au début des années soixante. Un récit qu'on rattache inconsciemment à la légende de cette « douce France» et de sa vie rurale à la fin du XIXème siècle. Une interprétation que le temps a lentement fait glisser vers le contre-sens. Car le roman original met en scène, avec une réelle violence, une vieille rivalité qui oppose deux villages. C'est d'une fameuse guerre des clochers, transmise de générations en générations, dont il s'agit. Une hostilité socialement intégrée et reproduite par les enfants, qui trouvent un sens à se bastonner (au sens littéral du terme), à se caillasser, et finalement à infliger de réelles humiliations à d'autres gosses dont les familles se connaissent parfaitement. C'est ainsi que les prisonniers n'ont pas d'autre choix que de revenir cul-nu chez eux, et reprendre une trempe par le bon père de famille qui expliquera à son garnement que les vêtements, dont tous les boutons ont sauté, coûtent chers. Tout cela est ici parfaitement retraduit par la mise en images de Cécile, dont la douceur du trait contraste avec la rudesse des mœurs. Même constat pour les couleurs pastels de Kaori. L'histoire, quelque peu condensée, est très bien retracée. On y retrouve également le point de vue des enfants, car le roman s'était démarqué en attribuant la narration aux premiers concernés (Lebrac et sa bande). C'est très bien fait, le texte prend une part importante sans que cela casse le rythme. Cette adaptation a le mérite d'offrir un divertissement intelligent aux enfants à qui elle se destine. La BD rappellera aussi aux parents que la violence des enfants n'est pas un phénomène qui date d'aujourd'hui. N'est-elle pas le reflet du monde dans lequel ils vivent ?