L'histoire :
Cela fait 20 ans, 46 jours et 25 minutes que Martino est emprisonné, quand le directeur de l’établissement pénitencier le reçoit pour lui annoncer sa libération. Détenu modèle, il a travaillé dans un atelier de couronnes mortuaires. Son comportement exemplaire conduit l’administration à accepter son dernier recours. Cet ancien agent commercial a purgé une lourde peine pour avoir descendu froidement deux personnes et blessé un gendarme. Il voulait tuer sa femme et son amant, s’est trompé de chambre d’hôtel et a abattu un autre couple adultérin. Condamné à perpétuité, le mari trompé n’a jamais rien regretté, bien au contraire. Durant ces 20 ans de placard, il a nourri une haine viscérale contre sa femme, son amant et leurs éventuels descendants. Il compte bien se venger et toute la famille doit y passer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Crève saucisse (paru début 2013), c’est une nouvelle histoire de vengeance de cocu que propose Pascal Rabaté, avec cette fois Sébastien Gnaedig au dessin. A sa sortie de prison, Martino découvre que celle qu’il a aimée et qui l’a également terriblement fait souffrir, a refait sa vie avec son amant. Vivant de petites combines, de carambouilles, de coups foireux, les membres de cette famille de voleurs de poules (ou de vaches) sont des grandes gueules au caractère plutôt chatouilleux. Le mari éconduit, après les avoir discrètement épié, ne va pas manquer d’imagination pour élaborer un plan (presque) parfait afin d’éliminer successivement tous les membres de la famille. Toujours avec la même légèreté, Rabaté, qui avait initialement envisagé de faire un film avec ce scénario, livre une comédie dramatique, pleine d’humour, d’humanité, sur fond de misère sociale et affective. Même si le contexte est cruel et les intentions du cocu peu louables, ces personnages picaresques sont presque attachants. Les dialogues sont savoureux, imagés et sonnent juste avec le contexte. Le dénouement est quelque peu classique et sans réelle surprise, mais on ne s’ennuie pas. Le dessin monochrome de Sébastien Gnaedig est simple, au service de la mise en scène, offrant une belle lisibilité à cette histoire noire.