L'histoire :
Par une triste journée qui sent la torpeur et la grisaille automnale, père Benoît de Canterbury et son sous-fifre le frère Arno Von Malt se rendent à dos de mule à l’abbaye de Dunwitch. Les y attendent la jeune Rose, une innocente roussette en proie à un cas sévère de possession démoniaque, pour exorcisme express. Or, ces symptômes concordent avec les signes annonciateurs d’une terrible prophétie ancestrale. Immédiatement à l’œuvre, les ecclésiastiques n’emploient néanmoins pas la plus rigoureuse des procédures. Finalement, père Benoît parvient à repousser le démon dans le subconscient de Rose, mais il y laisse la vie. Avant de trépasser, il confie à son disciple qu’il ne faut jamais que la fillette ne contemple son reflet dans un miroir, sous peine d’inverser le processus. Au même moment, un sulfureux conseiller royal annonce à son monarque qu’il a trouvé un enfant porteur de « la marque », lui aussi annonciateur d’une sombre prophétie. Bref, pour être peinard, il faut le choper et le zigouiller au plus tôt. Or, funeste coïncidence : ledit enfant, prénommé Woody, tombe dans la charrette d’Arno et Rose au moment même où cette dernière se regarde dans un miroir. Réveillé, le démon qui est en elle transforme Woody en lapin…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A peine les 6 tomes d’Anachron terminés, le dessinateur Joël Jurion rempile dans la même veine comique, dans un registre très légèrement différent. Adieu les équipées galactico-médiévales, bonjour les conjonctures satanico-médiévales. Le scénariste Steve Baker pourrait d’ailleurs fort bien être un pseudonyme de Thierry Cailleteau (mais ce n’est pas le cas), tant le type d’humour pratiqué est semblable. Cela n’est d’ailleurs pas pour nous déplaire car Anachron est assez bidonnant… et ces Démons de Dunwitch rivalisent largement en la matière. Cette enthousiasmante potion magique narrative regroupe en vrac : une innocente jeune fille alternant avec un démon aux pouvoirs illimités, un apprenti exorciste totalement niais, un petit garçon porteur de « la marque », tantôt changé en lapin, tantôt en chauve-souris, un sorcier fourbe et machiavélique, une confrérie de Lords en plein déclin, une sorcière sans scrupule (et sans avenir), une foule de soldats qui se transforment en ménagerie bigarrée (hippopotame, pigeon, dauphin…). Et le pire, c’est que tous ces ingrédients se mêlent en un tout cohérent, bien que débridé et largement parodique, parfaitement poilant. Il est juste dommage que la couverture (loupée) n’incite pas plus à la découverte…
