L'histoire :
Sur l’île enchantée, les enfants orphelins peuvent dorénavant jouer sans craindre les attaques pirates : le vaisseau du capitaine Crochet a quitté la crique pour reprendre le large. Pour s’amuser, ils tirent chaque jour au sort celui ou celle qui aura droit de posséder la fameuse photo de « maman » rapportée par Peter. Un d’entre eux s’en fout pourtant éperdument. C’est Picou, pour qui sa grande sœur Rose fait déjà office de maman. Evidemment, ce jour, le sort le désigne ! Alors qu’il s’est endormi, les enfants glissent la photo dans sa poche. Mais à l’insu de tous, la fée clochette subtilise la photo, essentiellement par jalousie pour cette rivale en deux dimensions. A son réveil, Picou est accusé d’avoir perdu la maman, alors qu’il ne se savait même pas en sa possession. Sa punition est un gage susurré à l’oreille de Peter par la machiavélique fée clochette. Car bien évidemment, Rose aide le jeune Picou à accomplir la besogne : cacher un coffre au fond… du repère du féroce crocodile qui a sectionné la main de Crochet…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà déjà 14 ans que Régis Loisel a entamé la saga de Peter Pan, très librement inspirée des personnages de James Matthew Barrie. Au grand dam des fans, ce 6e épisode clôt définitivement la série. Si on retrouve évidemment avec joie le coup de crayon (et de pinceau !) incomparable du maître (président du festival d’Angoulême 2004), Loisel a choisi pour ce dernier volet, un dénouement des plus tragiques. La fée clochette se révèle être un personnage réellement ignoble. Jamais le fossé n’aura été si profond entre l’insouciance des enfants et la gravité des évènements auxquels ils sont pourtant confrontés. Leur propension à oublier instantanément toute forme de soucis marque pour les adultes les limites de ce bonheur illusoire. Pour Loisel, seule la voie de la maturité est possible : il faut affronter ses responsabilités. Le parallèle final entre Peter et un Jack l’éventreur qui s’ignore achève de donner une tonalité tragique à la série. Enfin, la toute dernière planche nous prend au dépourvu et est assénée sous forme d’un épilogue évasif qui nous abandonne, tels des orphelins, en quête de repères…
