L'histoire :
Au printemps 1944, alors que le nord de la France est sous occupation allemande, le département du Lot-et-Garonne abrite des poches de résistance dans le maquis. On les dit diversement communistes ou ayant fait allégeance à de Gaulle… Dans le petit village de Penne d’Agenais, les habitants se regardent parfois en chiens de faïence, sans trop savoir lequel est collabo, lequel trafiquant… Rémi, 10 ans, n’y comprends pas grand-chose. Son petit monde à lui, c’est sa douce maman enceinte, son papy dans son potager, son pote Eric de 6 ans son ainé qui fait l’école buissonnière et surtout, Mathilde, dont il est éperdument amoureux. Avec elle, il fauche des cerises au voisin, court la campagne, ou surprend des maquisards en train de se transmettre des informations sensibles. Mathilde lui explique que ce sont peut-être des communistes, « le mal de notre pays », des sauvages qui ont des dents pointues ! Parmi eux, ils distinguent clairement Justin Bidou, le simplet du village. Durant un temps, ils craignent de le croiser en vélo… mais celui-ci est arrêté par les gendarmes quelques jours plus tard, sans prétexte précis. Puis, alors qu’ils poursuivent un lapin du haut de leur butte champêtre, Mathilde et Rémi découvrent par hasard une grotte où sont entassées des armes, des munitions et des caisses d’explosifs. A tous les coups, les communistes préparent un sale coup ! Secrètement, ils se font un devoir d’aller tout planquer ailleurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au sein de la collection Terres d’origine, s’intéressant au terroir français du milieu du XXe siècle, le réunionnais H. Tonton nous emmène à travers ce premier tome dans un petit village du Lot-et-Garonne, sous occupation nazie fin 1944. On y fait la connaissance d’un gamin attachant, Rémi, qui se situe malgré lui au cœur des turpitudes de l’occupation : sa mère est résistante, sa petite fiancée est fille de collabo, et lui découvre des choses qu’il ne devrait pas (une cache d’armes, des contacts, des discussions…). A son âge, on n’a pourtant que faire de ces « histoires de grands ». La tendresse de l’enfance et le caractère bucolique du cadre l’emportent pour le moment sur le climat villageois délétère du à l’occupation nazie. Il n’est pas dit que le titre, Petits bonheurs, soit aussi approprié au second volet du diptyque, au vu des ingrédients mis en place dans cette mise en bouche. En tous cas, tant sur le plan du dessin que sur celui de la densité du récit, H. Tonton nous honore pour le moment d’un récit plus mature que son précédent Armandis, dans un contexte qui n’est pas sans rappeler l’excellent Tranquille courage. La douceur de son dessin et de sa colorisation, plus aboutis et travaillés qu’auparavant, permettent de faire passer la pilule de situations et sentiments un peu mielleux et de susciter la pleine adhésion.