L'histoire :
Quelques jours d’été : Ce jour là, un petit garçon de la ville, âgé de 8 ans, sans trop comprendre pourquoi, est conduit par sa maman pour quelques jours chez des gens de la campagne. La vieille dame est gentille, mais le monsieur ne parle pas. Après une première nuit, il faut bien petit-déjeuner pour ensuite aller nourrir les lapins. Puis l’enfant trouve seul le chemin de la rivière, dans le lit de laquelle le monsieur pèche à la mouche. Tranquille, toujours silencieux, avec sa canne à la main, il semble dompter les flots. Parfois, la vielle dame raconte des histoires à faire peur… des histoires de sorcières, qui suscite chez lui des cauchemars, la nuit. L’enfant ignore pourtant encore la pénible raison de ce séjour champêtre…
Un îlot de bonheur : Un père, une mère, leur fils, sont à table, silencieux. Le climat ne semble pas au beau fixe. Le père saisit la salière et la mère prend prétexte de ce geste pour initier une violente dispute verbale. Le regard attristé, l’enfant s’exile dans un jardin public, sur un banc. Il éclate en sanglot. Son chagrin est alors perturbé par les remontrances proches de deux policiers à l’égard d’un clochard. Il faut qu’il dégage de là. L’homme s’exécute. Sur le banc, l’enfant trouve un harmonica. Il court derrière le SDF pour lui rendre… les prémices d’une relation forte entre ces deux êtres déchirés par la vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur des encrages élégants en noir et blanc dont il est coutumier, et un style graphique inimitable, Christophe Chabouté nous livre cette fois un recueil de deux histoires simples et sensibles. Nul élément fantastique ou sordide à l’horizon, cette fois… mais Chabouté n’est pas partisan de légèreté-frivolité pour autant. Ces deux courts récits racontés avec sobriété sont tout de même enracinés dans de lourds traumatismes infantiles. A chaque fois, en effet, le personnage central est un enfant, dont le désaccord parental est en train de plomber l’insouciance requise par ce bel âge. Faut-il voir dans cette thématique un désir d’exorcisme de l’auteur ? Toujours est-il que Chabouté sait y faire pour faire passer l’émotion, tout en étant très avare en dialogue. Car au milieu de ces situations quelque peu accablantes, l’auteur laisse toujours poindre une issue positive, une note d’espoir qui donne une saveur finale aigre-douce à ses récits. Les plaisirs d’une simple rencontre, ou d’un moment de ressource à la campagne, semblent être la solution à la désespérance. Seul petit hic, comme souvent chez Chabouté : même les lecteurs sensibles à son œuvre trouveront que l’ouvrage se lit vite, très vite…