L'histoire :
Divorcé et célibataire, un père graphiste de profession et peu regardant sur les bonnes manières, élève son fils d’une dizaine d’années comme il le peut, sans trop s’en faire, à la bonne franquette. A vrai dire, ce père n’est pas franchement un modèle. Par exemple, il fait des gros caprices de gosse devant le garagiste pour récupérer sa voiture avant le terme ; ou au bar pour pouvoir finir sa bière ; ou au guichet d’une administration pour obtenir une attestation… Et ensuite, il se sert de la puérilité de son propre comportement pour expliquer à son fils que les crises d’hystéries ne sont pas un chouette spectacle. Ce père ne se retient pas non plus pour roter bruyamment ou larguer des caisses immondes. De fait, le gamin a tendance à l’imiter en classe. Et lorsque la maîtresse propose à chacun de rapporter une collection de quelque chose, le fiston rapporte une collec’ de capsules de bières. Logiquement, le père est régulièrement convoqué à l’école. Il a néanmoins beaucoup d’amour pour son fils et un minimum le sens des responsabilités. Par exemple, il « l’aide » à faire ses devoirs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce petit livre souple de la collection Autoblographie de Vraoum fait suite à un premier volume appelé Je suis ton père. Derrière ces titres empruntés à Star Wars, Bob (alias Yannick Robert) raconte son « vrai » rôle de père célibataire envers son fils. Ce dernier est-il le Pablo remercié en page intérieure ? Ces deux-là occupent tout l’album et pourtant, à aucun moment leurs prénoms ne nous sont donnés. Bob se met donc en scène, à travers des saynètes d’une ou plusieurs pages, en se donnant le mauvais rôle. Son fils subit son influence la plupart du temps, tandis que lui est le bouffon, le clown auguste de la BD. Le père pue, pète, boit de la bière, fait des teufs avec ses potes, montre un exemple d’éducation pitoyable… Et néanmoins, il parvient à insuffler beaucoup de tendresse, une véritable preuve d’amour paternel. On ne sait pas jusqu’à quel point tout cela est réel ou exagéré et à vrai dire peu importe : le principal étant la chute, souvent bidonnante et imprévisible. Voilà un auteur qui a un réel sens du gag, ni mou, ni consensuel. Ainsi qu’un style graphique moderne et maîtrisé, qui met bien en exergue les tronches d’ahuris. On pouffe franchement à chaque page, au fil de situations et de ressorts qui savent se renouveler… le tout sur une centaine de pages. Quelques épisodes permettent de faire plusieurs gags dans un même contexte : en classe verte, avec la mère célibataire bo-bo, pour la garde du chat de la voisine, le summum zygomatique étant sans doute atteint avec le poisson rouge. Le vrai humour est rare en BD, mais il est là, dans ce petit bouquin. Ne le loupez pas !