L'histoire :
Dans le grand clocher du Beffroi, le Baron vient de mourir. Afin d'avertir les citoyens les plus éloignés de la bâtisse, des messagers sont envoyés un peu partout. Certains n'iront jamais porté la nouvelle, des Zo-A-Rims les abattant dès qu'ils passent les murs de la cité. Pendant ce temps, dans le niveau onze du Beffroi, la commandante Shâ de la garde urbaine poursuit plusieurs voyous lorsqu'elle apprend le décès du Baron... Plus loin, dans un autre niveau, une vieille femme est traquée par deux types. Alors qu'ils s'approchent d'elle, une ombre se glisse derrière eux. L'instant suivant, la ruelle dégouline de sang... Le lendemain, Shâ se réveille doucement dans les bras de sa douce Meera. Alors qu'elles s'embrassent tendrement, l'assistant de la commandante frappe à la porte de la chambre. Il est venu lui demander de se rendre au plus vite auprès de la nouvelle Baronne. Cette dernière n'est autre que la fille aînée du précédent régent mais contrairement à son père, elle n'apprécie pas vraiment Shâ. Elle lui demande d'ailleurs d'enquêter sur la mort de trois personnes dans une petite rue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Scénariste très actif ces dernières années, Simon Spurrier aime explorer des univers très différents, du mainstream délirant avec X-Men Legacy à l'horreur de Crossed. Ayant déjà fait équipe avec le dessinateur Jeff Stokely sur Six-Gun Gorilla, il imagine cette fois-ci un récit de fantasy extrêmement riche. L'essentiel de l'action se déroule dans le Beffroi, une vaste cité entouré d'un désert ardent. Les dissensions religieuses et politiques y sont nombreuses et certains êtres possédant des facultés mutantes sont mal vues de la population. L'héroïne, Shâ, est de ceux-là. Elle est la commandante de la garde et va devoir enquêter sur des morts affreuses, simultanément avec la succession au poste de Baron par une personne qui la déteste. Après un premier épisode voulant mettre en place trop d'idées, SImon Spurrier va progressivement trouver le bon rythme et nous embarquer dans ce monde étrange et passionnant. Si certains rebondissements sont pour le moins prévisibles, ils ne sont pas pour autant rédhibitoires. La grosse force de cet album est sans nul doute la prestation de Jeff Stokely. Parfois un peu brouillon sur Six-Gun Gorilla, l'artiste est ici dans une forme olympique. Chaque case est soignée et laisse ressentir une forte influence en provenance du génie intemporel qu'était Mœbius. Trait fin et détaillé, le dessinateur laisse libre court à son imagination et offre parfois certains décors époustouflants. Pas forcément accrocheur dès ses premières pages, Le Beffroi n'en est pas moins l'une des très bonnes surprises dans le registre de la fantasy et mérite les regards appuyés des amoureux du genre.
