L'histoire :
Aout 1995, à Springfield. Mark et Donnah Winger coulent une vie paisible en compagnie de leur fils, âgé de moins d'un an. Lui est ingénieur à la centrale nucléaire, un homme sans histoire. La petite vie bien rangée du couple a cependant connu un évènement contrariant, il y a quelques jours. De retour de voyage, Donnah a été prise en charge de l'aéroport de St Louis jusqu'à chez elle par une navette privée. Un taxi qui bosse pour l'aéroport. Mais son chauffeur, Roger Harrington, s'est montré pour le moins déplacé. Ses propos étaient incohérents, il faisait référence à un gourou auquel il prétend obéir aveuglément. Il a parlé de planer et de faire des orgies aussi. Et qui plus est, il roulait vite, au point où la mère de famille a eu peur. Le couple décide donc de porter l'incident à la connaissance de l'employeur de Harrington... Quelques jours plus tard, un appel arrive au 911 (plateforme américaine des appels d'urgence). Mark Winger s'accuse d'avoir abattu à l'instant, dans son salon, Roger Harrington. Il prétend qu'au moment où il a regagné son domicile, il a surpris ce dernier en train d'asséner des coups de marteau sur le crâne de son épouse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Run nous le dit d'emblée, ça n'échappe à personne qu'on vit de drôles de temps. Le confinement (pas trop différent de la vie de l'auteur, d'après lui), mais surtout l'histoire de ce virus mondial, le Président qui s'adresse à nous pour dire que la guerre contre un ennemi invisible a commencé. « Nous sommes en guerre »... et le logiciel du scénariste de catastrophe fictive se met en reset... Et puis ce monde... « Quand tout redeviendra à la normale, on ne fera plus jamais comme avant. Il y aura un monde avant confinement, et celui d'après ». En tout cas, une chose est toujours là : c'est Doggybags ! Trois récits, une nouvelle, les petits dossiers qui vont bien et le courrier des lecteurs. La formule est la même et une nouvelle fois, elle tabasse sans pitié le lecteur ! El Puerto et Tomeus ouvrent le bal avec Rotten Heart. En 1994, entre la Sierra Leone et le Liberia, une milice privée occidentale va s'en prendre au trésor de guerre d'une faction locale, emmenée par un leader qui porte la mort en peinture sur son visage. Le temps de se faire bien secouer par l'entrée en matière consacrée au phénomène des Sociétés Militaires Privées et on passe à Tool, récit écrit par Mud et mis en image par Tristan Evin. L'histoire de deux frangins qui, quinze jours après le 11 septembre, ont flingué un flic. Ils étaient armés jusqu'aux dents et on cavalé 24 heures, en blessant 17 autres policiers... Cette histoire des frères Stovall vous glacera le sang, car elle a été écrite du point de vue des armes. Un AK 47 narrateur, c'est effrayant, croyez-nous ! Puis vient la nouvelle, La Coloc de Tanguy Mandias, illustrée par Viizage Montaraza, qui a aussi du mordant ! Avec Real Sociopath ! , on revient en 1995 et à la réalité, avec l'histoire de Mark Winger, ce technicien de la centrale de Springfield qui appelle les secours parce qu'il vient de flinguer en entrant chez lui un type qui a défoncé le crâne de sa femme à coups de marteau. Ces trois histoires, dont deux tirées de faits réels, vous mettent une nouvelle fois une bonne claque et proposent un focus sur le phénomène des armes aux USA. Suspense, frissons & horreur, c'est marqué dessus, et c'est pas du fake. Mais le plus remarquable dans Doggybags, c'est que la violence des histoires est toujours mise en ligne avec celle des sociétés qui ont à la déplorer... ou tout du moins qui l'admettent. Encore une affaire rondement menée dans le sac à Run et ses comparses.