L'histoire :
Après avoir sauvé on ne sait qui pour on ne sait quelle raison, Doc Savage rentre chez lui pour devenir aussitôt la victime d’attaque de la foudre... Une foudre téléguidée qui semble en vouloir à sa peau... Après la mort de son père et l’incroyable odyssée de la cité de Néolantis en compagnie du Spirit et de Batman, Doc Savage reprend une vie normale. Mais rien n’est jamais vraiment banal pour l’Homme de Bronze et ses acolytes. La preuve est faite lorsque qu’un groupe de mercenaires impitoyables prend pour cible la ville de New York et touche un proche de Doc. Avant de riposter, Savage s’assure le soutien d’un invité de marque. Comme à l’accoutumée, action, danger et mystère rythment les incroyables aventures de Doc Savage. Le héros saura-t-il se sortir de ce nouveau mauvais pas ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bon ! Je suis scénariste de bande dessinée, en plus de réaliser de temps en temps quelques critiques pour ce site. Je n’aime pas en parler, on s’en fiche, mais là, je crois que je viens de lire un maître étalon de la nullité en bande dessinée. Quelque chose qui me heurte profondément en tant que professionnel. Certes, la collection First Wave entend rendre hommage aux premiers héros de ce qui précéda la Bande Dessinée, à savoir les Pulps... Les Pulps étaient des magazines à deux sous publiant de courts romans de genre, dont certains ont été écrits par les plus grands auteurs de la littérature populaire américaine (de Lovecraft à Dashiell Hammet en passant par Robert E. Howard, et bien d’autres). Etait-ce une raison pour réaliser des histoires dont on dirait qu’elles ont été créées en un temps très lointain où la narration BD n’en était qu’à ses balbutiements, où les dialogues étaient à l’emporte-pièces et où l’on sautait du coq à l’âne, sans se préoccuper de savoir si le lecteur avait compris à quel moment il se trouvait, où se situait l’action, qui étaient les personnages en présence ? (ce temps a-t-il d’ailleurs existé… ?). Pour vous mettre dans l’ambiance, je vous raconte la première page. Un méchant, jailli dont ne sait où, l’air colérique sans qu’on sache pourquoi, relâche des lions sur une femme qui s’écrie mollement « non ». Les fauves jaillissent en sautant vers leur proie, quand un poing, lui aussi jailli de nulle part, vient exploser la mâchoire des bestiaux. C’est Doc Savage, à la rescousse. La femme le remercie sans enthousiasme. Savage lui demande de ne plus se mettre en danger. Et voila. On passe à la scène suivante. Même en l’écrivant comme ça, c’est plus dynamique que ce que vous découvrirez en ouverture de cet album et tout le reste est à l’avenant. Situations improbables, dialogues sans saveur, personnages caricaturaux... En approfondissant le sujet, on découvre que le scénariste est un romancier du nom de Paul Malmont. Pourquoi lui a-t-on confié les rênes de cette série : parce qu’il rend hommage dans ses romans aux écrivains de l’âge des... Pulps... arf ! Bonne idée, sauf que le monsieur semble tout ignorer du nouveau métier auquel il se confronte : comment on installe une scène, comment on crée un rythme, comment on donne de la profondeur à des personnages, comment on rend limpide une situation qui peut très vite devenir confuse. Tout ça, il semble n’en avoir aucune idée. Et je ne parle même pas du fond des intrigues, totalement ridicules. On aimerait croire que c’est le sujet même qu’il est impossible de traiter intelligemment de nos jours, mais non : Alan Moore avec le personnage de Tom Strong (hommage avoué au Doc Savage des origines) prouve qu’on peut parfaitement développer une histoire dans l’esprit des Pulps de façon contemporaine, pertinente et novatrice. Je glisse rapidement sur le dessin tant on est gêné constamment pour le dessinateur Howard Porter (qui pourtant n’est pas un génie, loin s’en faut) de voir sur quoi il a été obligé de travailler. J’imagine que la collection First Wave était un coup éditorial, porté par le nom rassurant de Brian Azzarello sur le premier arc... Sans lui aux commandes, il ne reste rien à sauver. Circulez bonnes gens et permettez-moi un dernier conseil : méfiez- vous des couvertures aguicheuses de JG Jones.