Apparu au milieu des années 90, l'artiste américain JG Jones est très rapidement devenu célèbre pour son style détonnant et inspiré d'un Richard Corben. Outre de multiples couvertures, le dessinateur a illustré assez peu de sagas mais toutes ont su marquer les esprits en leur temps. Wonder Woman Hiketeia, Final Crisis, Before Watchmen ou Wanted ont connu un fort succès et ont fait de JG Jones l'un des chouchous du public. Venu à la Paris Comics Expo pour les rencontrer, nous avons profité de sa venue pour croiser cet artiste un brin réservé.
interview Comics
J.G. Jones
Bonjour JG Jones, peux-tu te présenter ?JG Jones : Je m'appelle JG Jones et je réalise des comics depuis maintenant 21 ou 22 ans. J'ai commencé un peu sur le tard, dans les comics. Je travaillais dans un journal, à Brooklyn, à New York. Puis j'ai décidé que j'en avais assez et j'ai pris quelques exemples de mon travail et je les ai emmenés à une convention où je les ai montrés à un monsieur rencontré là-bas et il m'a engagé. Et ce monsieur s'appelait Jim Shooter, j'étais donc lancé.
Quelles sont tes influences ?
JG Jones : Enfant, je lisais de tout mais je crois que ce qui a le plus influencé mon style aujourd'hui c'était les publications de Warren comme Vampirella, les comics de Corben et aussi les Métal Hurlant. J'en lisais le plus possible, quand j'étais enfant et ce noir et blanc très réaliste est ce qui m'a vraiment influencé .
Comment décrirais-tu ton style ?
JG Jones : Mon style est plutôt du genre "je ne sais pas vraiment ce que je fais" [rires] ça a fini par devenir ce que c'est aujourd'hui.
Préfères-tu dessiner des couvertures ou des pages intérieures ?
JG Jones : J'aime faire les deux. Je passe de l'un à l'autre. Pour les pages intérieures, je choisis en général les projets impliquant des personnes avec lesquelles je souhaite travailler.
Comment choisis-tu tes scénaristes, du coup ?
JG Jones : Si c'est quelqu'un dont j'adore lire le travail, alors c'est la personne avec qui je souhaite travailler.
Qu'aimes-tu chez Mark Millar ou Brian Azzarello ?
JG Jones : Tout le monde est différent. C'est comme de demander qui est ton auteur préféré, il y en a trop parmi lesquels choisir. J'ai toujours apprécié Brian Azzarello et ce depuis ses tout débuts avec Jonny Double. Grant Morrison a toujours été un de mes auteurs préférés, j'adore sa façon d'écrire. J'ai eu de la chance dans cette industrie, je réussis à collaborer avec des gens dont je respecte le travail.
Quel regard portes-tu chez Wonder Woman Hiketeia ?
JG Jones : Je crois que c'est un de mes titres préférés parmi ceux sur lesquels j'ai travaillé. Quand j'ai quitté Marvel pour DC, je n'avais pas encore de projet dans les cartons et j'ai entendu parler du script que Greg Rucka avait écrit. Il n'y avait pas encore de dessinateur attitré alors comme j'aimais le script, j'ai demandé à l'illustrer. Je pense que c'est un titre solide et après toutes ces années, les gens viennent encore me voir avec pour que je le signe et ils l'adorent.
As-tu vu Wanted comme un challenge pour toi ?
JG Jones : Oui c'était un vrai changement de rythme pour moi parce que je venais de faire Marvel Boy et Hiketeia. Je voulais travailler avec Mark alors je l'ai contacté et il venait de travailler sur l’univers Ultimate, chez Marvel. Je lui ai demandé si on pouvait travailler ensemble sur un titre Marvel et il m'a répondu "J'ai d'autres projets en réserve". Il m'en a envoyé trois ou quatre et m'a laissé choisir celui que je voulais et Wanted est sorti du lot.
Que penses-tu de ton Before Watchmen ?
JG Jones : J'adore cette histoire. Comme je l'ai dit, je connaissais Brian depuis des années et, quand on m'a pitché le projet, j'ai dit que j'en serais si Brian était l'auteur et si le Comédien en était le protagoniste... À mes yeux, on peut toujours lire l'original, celui d'Alan Moore, d'un bout à l'autre sans être gêné par Before Watchmen. J'ai beaucoup aimé les histoires de Before Watchmen, je les ai trouvé vraiment très bonnes. J'ai adoré l'histoire écrite par Darwin [Cooke], celle d'Amanda [Conner],... Elles étaient intéressantes de par leur approche à la "que se passait-il derrière le rideau ?" sans pour autant gâcher l'original.
Avec qui rêverais-tu de travailler ?
JG Jones : Je travaille avec lui en ce moment même : Mark Waid. Je connais Mark depuis 20 ans et on n'avais jamais encore travaillé ensemble sur un titre individuel. J'espère que le livre sortira dans le courant de l'été prochain, chez Boom! Je réalise le tout à la peinture donc c'est beaucoup de travail [rires]
Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
JG Jones : Mmmm... C'est une bonne question, je l'aime bien. Je crois qu'il me faudrait faire le "Ghost Tour" [NDT: nom couramment donné aux visites guidées consacrées au passé d'un lieu et de ses anciens habitants] [rires]. Je dirais peut-être Velasquez, le peintre espagnol. J'aimerais apprendre à peindre comme ça. C'est le plus grand peintre qui ait jamais vécu.
Merci JG !
Remerciements à Aurélie Lebrun et à Emmanuelle Verniquet de l'agence Games of Works pour l'organisation et à Alain Delaplace pour la traduction.