L'histoire :
Le jeune Terry Lee et le séduisant Pat Ryan, sont deux Américains navigant en haute mer, entre la Chine et le Japon. Leur défi : retrouver une mine d’or en Chine, découverte par le grand-père de Terry. La mer est calme, l’eau reflète les teintes irisées du coucher de soleil. Tout s’annonce pour le mieux. Et pourtant, un bateau ennemi les agresse par surprise. Les deux hommes sont faits prisonniers, menottés et envoyés dans les cales. Leur bourreau : Dragon Lady, ou Lai Choi San, une femme au caractère bien trempé. Pour Terry, cette femme est le portrait craché de Lucrèce Borgia. Alors qu’ils sont transférés sur un autre bateau, les deux compères tentent de s’enfuir, mais les hommes de main de Dragon Lady les tiennent en joue. Pat et Terry doivent se rendre. Lady Dragon invite alors Pat Ryan dans sa cabine. Visiblement charmée par cet homme ou habitée par des intentions machiavéliques (on ne sait trop), elle lui propose un marché : qu’il devienne son amant et partent ensemble à la conquête de la mer de Chine. Mais nouveau coup de théâtre : le bateau de Lady Dragon est à son tour attaqué par d’autres pirates. Encore une fois, il faut s’échapper. Les deux acolytes parviendront-ils à se sortir des griffes de dangereux flibustiers ? Début des aventures rocambolesques de Pat et Terry, dans des contrées inhospitalières… Dégainez boucaniers !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Terry et les Pirates, chef-d’œuvre de la BD, il n’est pas trop tard. Apprécié et suivi par plus de 31 millions de lecteurs entre 1934 et 1946 sous la forme de strips quotidiens (en noir et blanc la semaine, en couleurs le dimanche), lauréat en 2008 du Eisner Award de la meilleure réédition, cette BD est considérée par les spécialistes comme l’un des plus grands comic-strips de l’histoire, aux côtés de Peanuts (Charles Schulz). Première explication d’un tel succès : des aventures populaires mettant en scène des hommes et des femmes, des Américains et des Asiatiques, partis à la recherche de trésors perdus, le tout rythmé par des coups de théâtre en pagaille. Simple et efficace. Ajoutez à cela un jeu de masques savoureux, dans lesquels ennemis et alliés, bourreaux et victimes ne cessent d’échanger les rôles. Puis confiez aux femmes les ficelles de l’intrigue. Saupoudrez tout cela d’un décor sino-japonais exotique avec une pincée d’humour rocambolesque, et vous obtiendrez un concentré divin. Enfin, Terry et les pirates ne serait rien sans les nombreuses tensions sexuelles, latentes ou exacerbées, qui traversent le récit, et sa délicieuse galerie de personnages hauts en couleur : Pat Ryan, sorte d’ancêtre de Corto Maltese, Terry le débrouillard, Connie le fidèle guide chinois, la séduisante Burma ou l’intraitable Dragon Lady, des femmes à fort tempérament ! Côté dessin, le style ligne claire étonne par son look étonnamment moderne et réaliste, et surtout, par son jeu de lumière qui fait scintiller chaque case, chaque paysage, grâce à une parfaite maîtrise du clair-obscur. Raison pour laquelle Milton Caniff fut d’ailleurs surnommé le « Rembrandt du 9e art ». Drôle, divertissant et destiné à un large public, Terry et les pirates est une BD d’aventures aux accents universels. Accompagné d’une introduction éclairante et de photos élégantes, ce premier volet d’intégrale est une pépite presque oubliée que tout amoureux du 9e art se doit d’avoir dans sa collection. Soulignons enfin l’exemplarité du travail de restauration et de traduction. Splendide.
