L'histoire :
Les prévisions cataclysmiques ont bien eu lieu, la Terre est devenue invivable et si certains ont fui la planète plus vraiment bleue, d'autres tentent de survivre malgré tout. Ainsi, un groupe de jeunes amérindiens est convaincu que l'origine de tout ce désastre prend sa source aux États-Unis. Il en déduit que si l'explorateur Christophe Colomb n'avait pas foulé le nouveau monde en 1492, tout ne serait pas partie en sucette. Grâce à la découverte d'un portail temporel, Tad et ses amis élaborent alors un plan fou qui consiste à lui faire rejoindre l'un des navires du célèbre marins génois. Doué en linguistique, il apprend les différents dialectes de l'époque et étudie le journal de bord de Colomb afin de réussir au mieux sa mission. Mais intégrer l'équipage est loin d'être aisé et il attire rapidement la méfiance des rugueux marins. De son côté, dans l'Amérique de l'année 2112, sa femme Sosh, Emily ainsi que le mystérieux Rein jaune cherche à mettre la main sur un livre d'histoire afin de découvrir si Tad a réussi à modifier la trame du temps...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le romancier Stephen Graham Jones se lance dans un récit ambitieux à mi-chemin entre le genre historique et la BD fantastique. Avec un postulat de départ séduisant sur fond d'uchronie, il développe une ribambelle de trouvailles scénaristiques qui forment un ensemble dense et complexe. L'histoire se divise en deux temporalités, distantes de plus de six siècles, mais au final très liées. Derrière l'aspect louable de leur entreprise, les personnages vont vite comprendre qu'ils devront se salir les mains au risque de perdre leurs âmes et de mettre en danger la réalité. Tout semble réuni pour créer un titre passionnant, mais le hic est que l'exercice du voyage temporel en fiction est très risqué et peut vite devenir totalement chaotique. Malheureusement c'est le piège dans lequel tombe le scénariste, qui perd progressivement son lecteur au fur et mesure des pages et des allers-retours entre les différentes époques. Si on rajoute les coquilles éditoriales dès la deuxième page du comics, un mot manquant et le nom de Tad qui devient Ted, forcément ça n'aide pas. Graphiquement, le dessinateur Davide Gianfelice rend une copie intéressante, dans le pur style de l'école italienne. Son dessin est maîtrisé même s'il est parfois un peu trop épuré. Sur les vagues de temps, le navire Earthdivers semble avoir perdu son cap et risque de ne pas arriver à bon port...