interview Comics

Davide Gianfelice

©Delcourt édition 2015

De façon assez discrète, l'artiste italien Davide Gianfelice a trouvé le moyen de mettre en scène quelques unes des séries les plus réussies de ces dernières années en terme de comics. Il a tout d'abord illustré le récit charnière Reborn pour Daredevil mais aussi des épopées vikings dans Northlanders, barbares avec Conan mais aussi fantastique avec Ghosted. Présent pour animer une superbe conférence autour de passionnés et de novices à Clermont-Ferrand, nous avons pu rencontrer un artiste adorable.

Réalisée en lien avec les albums Ghosted T2, Ghosted T3, Six Guns
Lieu de l'interview : Teach, Drink & Draw à Clermont-Ferrand

interview menée
par
10 juin 2015

Bonjour Davide Gianfelice, peux-tu te présenter ?
Davide Gianfelice : Bonjour, je suis Davide Gianfelice, je viens de Milan. Je suis auteur de bande dessinée et... on passe à la question suivante ? (rires) J'ai travaillé sur Daredevil, Northlanders ou dernièrement sur Ghosted. J'ai aussi fait pas mal d'autres choses à côté.

Quelles sont tes références ?
Davide Gianfelice : Comme tous les artistes italiens, j'ai grandi en lisant des productions du plus gros éditeur milanais qu'est Bonelli. Mes parents en achetaient, c'était donc facile pour moi de les lire. Comme j'aimais la bande dessinée et qu'en plus j'adorais dessiner, j'en ai fait mon métier. En grandissant, j'ai appris à découvrir d'autres genres et je suis un mélange de toutes mes lectures. Parmi les auteurs qui m'ont marqué le plus, certains sont américains ou travaillent pour ce marché. Je pense à Mike Mignola, Stuart Immonen, Olivier Coipel.

Comme tu le disais juste avant, tu as travaillé sur Daredevil avec la saga Reborn. Quel regard portes-tu sur ce titre aujourd'hui ?
Davide Gianfelice : J'adore la nouvelle série, le travail d'artistes comme Paolo Rivera était incroyable. L'esprit un peu old school de l'ensemble fonctionne bien. Concernant mes épisodes, c'est assez étonnant. Andy Diggle, qui venait juste d'écrire l'event Shadowland, avait la demande de Marvel de préparer le terrain pour Mark Waid. C'est moi qui me suis retrouvé là et il a fallu que je trouve une atmosphère un peu différente de celle que les lecteurs venaient de suivre dans Shadowland et de celle qu'ils allaient avoir. Daredevil est pour moi un personnage bénéficiant d'une atmosphère très sombre avec beaucoup de contre-plans dans les pages et j'ai dessiné avec Reborn tout l'inverse. L'histoire se passe au Nouveau-Mexique, sous un soleil de plomb et il n'y a pas de costumes ! Tant pis pour moi. L'objectif était de marquer un réel contraste entre les deux séries, cela a été le cas.

Tu as aussi travaillé avec Andy Diggle sur Six Gun...
Davide Gianfelice : Oui, et c'était un super moment. J'ai vraiment eu une super collaboration avec Andy et c'est devenu un ami. Nous avons fait ce titre sans pression et nous sommes bien amusé. De l'action, des pistolets, des motos et une histoire géniale à mettre en scène. C'est vraiment très fun. C'est l'un des titres les plus importants, pour moi, dans ma carrière. Sur Daredevil, Marvel nous mettait la pression, là nous étions tranquilles. Les gens ne nous attendaient pas au tournant.

Comment t'es-tu approprié l'univers viking de Northlanders ?
Davide Gianfelice : C'était un travail très différent en effet et même totalement nouveau pour moi. J'ai du appréhendé de nouveaux personnages, de nouvelles cultures et de nouveaux décors. C'était un projet important pour moi mais j'avoue que je n'y suis pas resté longtemps dessus et que j'y ai dépensé pas mal d'énergie. J'ai rencontré un nouveau scénariste, un nouvel univers et au final, c'était quand même assez cool.

Tu as de nouveau travaillé avec Brian Wood sur Conan le barbare !
Davide Gianfelice : Oui. Il m'a demandé si je serais partant pour retravailler avec lui à l'avenir, et j'ai dit oui. L'histoire que Brian Wood a proposé était une autre version de Conan. Le personnage était plus moderne et l'atmosphère différente. Je trouve ça vraiment génial de pouvoir proposer cette version de Conan. Sur la série, Brian Wood a utilisé les mêmes méthodes de travail que sur Northlanders avec moi.

Récemment, nous t'avons retrouvé sur Ghosted. Comment as-tu succédé à Goran Sudzuka sur ce titre ?
Davide Gianfelice : Je pense que j'ai gardé mon style mais en essayant de conserver une continuité avec le trait de Goran. On pourrait croire que j'ai changé quelque chose mais globalement, non. Nos styles sont très proches. Nous utilisons les mêmes instruments et le même papier !

Ghosted contient énormément d'éléments fantastiques...
Davide Gianfelice : J'adore changer d'univers et je me suis bien amusé sur Ghosted, autant que je pourrais le faire sur de la science-fiction ou même sur un titre de Bonelli. J'aime essayer de tester mon dessin à des genres nouveaux pour moi.

Aurais-tu envie d'écrire tes propres récits ?
Davide Gianfelice : Je ne pense pas. Je suis bien meilleur au dessin. Je ne serais pas très bon. Je préfère apprendre aux côtés d'auteurs renommés.

Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Davide Gianfelice : C'est une bonne question et je ne sais pas... (rires) Jack Kirby que j'adore. C'est le Roi ! Il était capable de dessiner directement ce qu'il imaginait ou ce qu'on lui demandait. J'aimerais être aussi bon que lui !

Merci Davide !

Remerciements à Jean-Philippe Diversi pour l'accueil et l'amitié (et ses deux chéries !) et à Vincent Michel pour avoir rendu cette rencontre possible.

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